François Villeroy de Galhau écarte le spectre d'une crise financière en Europe

Invité de BFM Business ce vendredi matin, le gouverneur de la Banque de France s'est voulu rassurant sur la solidité des banques françaises et européennes. Cette déclaration intervient au lendemain de l'annonce de la Banque centrale européenne (BCE). Celle-ci a confirmé le relèvement des taux de 50 points de base, faisant fi des turbulences bancaires de Credit Suisse et de SVB.
Le gouverneur de la Banque de France a pointé « une faille de régulation » aux Etats-Unis, après la faillite de SVB. Il anticipe désormais une phase de consolidation du secteur bancaire américain.
Le gouverneur de la Banque de France a pointé « une faille de régulation » aux Etats-Unis, après la faillite de SVB. Il anticipe désormais une phase de consolidation du secteur bancaire américain. (Crédits : BENOIT TESSIER)

Credit Suisse, SVB, First Republique... Alors que de nombreux établissements bancaires présentent des fragilités, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, lui, se veut rassurant sur la solidité des banques en France et en Europe.

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« Les banques européennes ne sont pas dans la situation de certaines banques américaines pour une raison très simple qui est qu'elles ne sont pas soumises aux mêmes règles », a-t-il déclaré au micro de BFM Business ce vendredi 17 mars, en référence aux faillites récentes de banques régionales aux Etats-Unis qui ont fait tanguer les marchés.

« Une faille de régulation »

« Les règles appliquées en Europe sont très renforcées depuis la crise financière, c'est ce que l'on appelle Bâle III, a-t-il complété. Cela impose des règles de sécurité sur leurs liquidités, leur trésorerie et leurs fonds propres ». Le gouverneur de la Banque de France assure que 400 groupes bancaires sont soumis à ces règles en Europe, et seulement treize aux Etats-Unis « alors qu'il y a plus de 5.000 banques ».

Il a pointé « une faille de régulation » aux Etats-Unis, et anticipe une phase de consolidation.

Pour la BCE, les banques de la zone euro sont « résilientes »

Ces déclarations interviennent alors que la Banque centrale européenne ne s'est pas laissée effaroucher par le risque d'une nouvelle crise bancaire. Elle a tranché jeudi pour un nouveau relèvement des taux d'un demi-point de pourcentage afin de combattre l'inflation, jugeant que les banques de la zone euro étaient solides et « résilientes ».

Les taux d'intérêt de la BCE se situent désormais dans une fourchette comprise entre 3% et 3,75%, au plus haut depuis octobre 2008.

Les gardiens de l'euro sont toutefois prudents sur la suite du resserrement monétaire. Ils ont renoncé à leur engagement de relever encore « sensiblement » les taux dans les mois à venir.

« Il n'est pas possible de déterminer à ce stade quel sera le chemin à suivre » sur les taux, a reconnu la présidente de la BCE Christine Lagarde, alors que la déroute aux Etats-Unis de la Silicon Valley Bank (SVB) et les inquiétudes autour de Credit Suisse secouent fortement les marchés depuis une semaine.

Les banques dans une situation « plus solide qu'en 2008 »

Première grande banque centrale à rendre une décision depuis le début des turbulences boursières, la BCE s'est livrée à un véritable exercice d'équilibriste. Elle a assuré qu'il n'y avait de « compromis » à faire, ni sur la stabilité financière, ni sur celle des prix. Cette fermeté a quelque peu rassuré les Bourses européennes qui ont clôturé en hausse.

Depuis le 10 mars, la faillite de la SVB et de deux autres banques régionales américaines ont ravivé le spectre de la crise financière de 2008, qui avait déstabilisé l'économie mondiale.

Mercredi, c'est Credit Suisse qui a essuyé la pire séance de son histoire en Bourse après un mouvement de panique lié à des doutes sur sa solidité. Le géant helvétique va faire appel à la banque centrale suisse pour emprunter jusqu'à 50 milliards de francs suisses. Cette annonce a permis à son titre de regagner plus de 19% jeudi.

Mais le secteur bancaire « est actuellement dans une position beaucoup plus solide qu'en 2008 », a assuré Christine Lagarde face à la presse, ajoutant que la BCE agirait « si nécessaire ».

Aux Etats-Unis, la Fed va se trouver face à un dilemme similaire lors de sa réunion la semaine prochaine.

Dilemme pour la Fed

Les hausses de taux sont une arme à double tranchant pour les banques commerciales. D'un côté, leurs nouveaux prêts rapportent davantage d'intérêts, de l'autre leurs actifs au bilan peuvent souffrir, avec un risque d'impayés accru chez les emprunteurs les plus fragiles et une chute mécanique des cours d'obligations en portefeuille, qui a été fatale pour SVB.

Onze banques américaines, dont Bank of America, Citigroup et JPMorgan, ont accepté de verser au total 30 milliards de dollars de dépôts dans l'établissement en difficultés First Republic. La Fed a par ailleurs annoncé jeudi avoir prêté près de 12 milliards de dollars depuis dimanche à des banques américaines pour honorer les demandes de retraits de leurs clients.

(Avec AFP)

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