Baisse des taux : contrairement à la Fed, la BCE ne veut pas en entendre parler pour le moment

L'institution financière européenne a annoncé, ce jeudi, maintenir ses taux au niveau actuel, soit 4% pour le taux de dépôt qui fait référence, au plus haut depuis le lancement de l'euro en 1999. Et ce, alors qu'elle estime que l'inflation sera revenue à son objectif de 2% dans deux ans. Mais si certains analystes prédisent une baisse des taux dès l'année prochaine... avant même la Fed américaine, la présidente de l'institution européenne a appelé à ne « pas baisser la garde ».
« Ce n'est pas le moment de commencer à déclarer victoire », avait déclaré Christine Lagarde lors d'un discours à la commission des Affaires économiques et monétaires du Parlement européen.
« Ce n'est pas le moment de commencer à déclarer victoire », avait déclaré Christine Lagarde lors d'un discours à la commission des Affaires économiques et monétaires du Parlement européen. (Crédits : KAI PFAFFENBACH)

[Article publié le jeudi 14 décembre 2023 à 15H15 et mis à jour à 15H34]Alors que la Réserve fédérale américaine (Fed) a laissé ses taux inchangés, mercredi 13 décembre, et que ses responsables ont indiqué qu'ils anticipaient majoritairement trois ou quatre baisses l'année prochaine, pour les amener à 4,6% fin 2024, c'est maintenant au tour de la Banque centrale européenne (BCE) de se prononcer.

Et un tel scénario reste exclu pour l'instant, a tranché la présidente de l'institution européenne, ce jeudi. « Nous ne devons pas baisser la garde », a ainsi prévenu Christine Lagarde assurant que la BCE « n'a pas discuté du tout de baisses de taux ».

Cette dernière a, en effet, annoncé, ce même jour, qu'elle laissait ses taux inchangés, pour la deuxième fois consécutive. Elle avait déjà opté pour un maintien du niveau actuel lors de sa réunion d'octobre. L'institution monétaire poursuit ainsi sa pause après dix hausses d'affilée depuis juillet 2022. Le taux de dépôt, qui fait référence, reste donc à 4,0%, son niveau le plus haut depuis le lancement de la monnaie unique en 1999, tandis que le taux de refinancement et le taux de facilité de prêt marginal se situent respectivement à 4,50% et 4,75%.

Les marchés explosent

De quoi fait réagir les marchés qui se sont affolés à plusieurs reprises ces derniers jours à l'instar du mardi 12 décembre, journée au cours de laquelle le CAC 40 a établi un nouveau record en atteignant 7.582,11 points vers 10H55. Il a ainsi battu son précédent record de 7.577 points, daté du 24 avril. L'indice phare de la Bourse de Paris a ensuite clôturé à 7 553.50 points.

Ce jeudi, c'est l'annonce de la Fed ouvrant la voie à de possibles baisses de taux qui a enflammé les marchés. La Bourse de Paris a, une nouvelle fois, battu son record au-dessus de 7.600 points dans les premiers échanges et progressait de 1,18% vers 15H00 heure de Paris, à 7.620 points.

De même, l'indice vedette Dax de la Bourse de Francfort a franchi le seuil des 17.000 points, un nouveau record. L'indice allemand a, plus précisément, atteint 17.003,28 points peu après l'ouverture à 09h, heure de Paris.

Derrière cet optimisme de court terme lié à de bons chiffres, les investisseurs faisaient surtout le pari d'un desserrement de la politique monétaire à venir. « Les marchés ont écarté toute possibilité d'une nouvelle hausse et s'attendent désormais à ce que la première baisse intervienne en mars ou en mai 2024 », indiquait John Plassard, spécialiste des marchés chez la banque Mirabaud, plus tôt en décembre. Grâce à une inflation qui a fortement ralenti aux Etats-Unis et en Europe et une activité économique qui marque le pas, « les banquiers centraux ont tenu des discours plus accommodants », reconnaissait aussi Mary-Sol Michel, Directrice de la Gestion sous mandat chez Swiss life Banque Privée dans une note.

Vers une baisse des taux en 2024 ?

Certains voyaient même voir l'institution européenne baisser ses taux mi, voire début, 2024 après la publication d'une inflation à 2,9% en novembre dans la zone euro (les vingt pays à avoir adopté la monnaie unique). D'autant que la BCE a indiqué, ce jeudi, voir l'inflation reculer pour atteindre l'objectif de 2%, synonyme de stabilité des prix pour assurer l'équilibre de l'économie, sa principale mission. Elle a abaissé sa prévision d'inflation pour 2024 prévoyant une hausse des prix de 2,7% cette année-là -- contre 3,2% précédemment --, de 2,1% en 2025, puis de 1,9% en 2026. En outre, pour la première fois depuis plus d'un an, la BCE n'a pas déclaré dans son communiqué que l'inflation restait « trop forte pour trop longtemps ».

Côté croissance, la banque centrale a, également, abaissé ses prévisions en zone euro pour 2023 et 2024. Les nouvelles projections macroéconomiques de l'institution prévoient désormais une croissance de 0,6% en 2023 -contre 0,7% précédemment- puis 0,8% en 2024 et 1,5% en 2025 ainsi qu'en 2026.

Avec ces deux chiffres en perspective, « l'impression croissante est que la BCE pourrait être la première à réduire ses taux, parce que l'inflation a décéléré brutalement », avait d'ailleurs commenté Adam Button, de ForexLive, avant la décision de l'institution. Certains opérateurs tablent même sur au moins cinq coups de canif d'ici à fin 2024. Cela ne semble donc, pour l'heure, pas être le cas.

Lire aussi« Les taux directeurs ne retomberont pas sous les 3% en Europe » (Patrick Artus, Natixis)

En témoignent les propos tenus par Christine Lagarde, ce jeudi, mais également fin novembre. La présidente de la BCE avait, en effet, rappelé que « ce n'est pas le moment de commencer à déclarer victoire », lors d'un discours à la commission des Affaires économiques et monétaires du Parlement européen. « Nous devons rester attentifs aux différentes forces affectant l'inflation et fermement concentrés sur notre mandat de stabilité des prix », avait-elle ajouté.

Début décembre, le gouverneur de la banque centrale slovaque, Peter Kazimir, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, avait, lui, estimé que tabler sur une réduction de taux dès le premier trimestre relevait de la « science-fiction ».

Réduction de la taille de son bilan

En outre, la BCE a annoncé, ce jeudi, son intention de davantage réduire la taille de son bilan à compter de la mi-2024, soit six mois plus tôt que prévu, sur fond du recul de l'inflation.

L'institution monétaire veut réduire son portefeuille de dette acquise dans le cadre du plan d'urgence contre la pandémie de coronavirus (le « PEPP »), en ne réinvestissant qu'une partie des titres à échéance. Cela réduira la taille de ces avoirs de 7,5 milliards d'euros par mois en moyenne à compter de juillet 2024. Les réinvestissements s'arrêteront ensuite fin 2024, selon un communiqué.

(Avec AFP)

Commentaires 6
à écrit le 15/12/2023 à 9:08
Signaler
"La prochaine décision de la BCE sera une baisse, sauf surprise, dit Villeroy de Galhau (BCE)" LOL ! Ah ils changent vite d'opinion les apothicaires de l'UE ! Bon vous êtes sûrs cette fois les gars !? Ça va pas changer d'ici cet après-midi ? ^^

à écrit le 14/12/2023 à 19:43
Signaler
Hausser le TON, c'est bien; Baisser les TAUX, c'est peut-être mieux; nous sommes pris dans l'étau.

à écrit le 14/12/2023 à 18:29
Signaler
Si la BCE relâche sa politique monétaire au T2 (abaissement des taux directeurs), elle réitérera sa deuxième plus grosse erreur de son histoire après celle de son ancien président, le monétariste Jean-Claude Trichet, lors de la crise des dettes souve...

à écrit le 14/12/2023 à 16:05
Signaler
Comment freiner leur optimisme alors qu'ils sont massivement subventionnés par les lois et l'argent public H24 ? Comment pourraient ils avoir un doute alors que ça fait 40 ans que le politicien n'est plus qu'un larbin de la finance ? Comme d'habitude...

à écrit le 14/12/2023 à 15:21
Signaler
Comme DAB elle parle sans savoir

le 14/12/2023 à 15:55
Signaler
Une bonne décision nous devons vivre avec nos moyens il faut réduire la voilure

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.