Croissance : la Banque de France abaisse encore ses perspectives mais exclut toujours une récession en 2024

La Banque de France s’attend à une économie française légèrement moins dynamique qu'espéré en 2023. Reste néanmoins des bonnes nouvelles : le pays devrait être débarrassé de l'inflation dès 2024, sans connaître de récession. Si bien que la croissance repartirait progressivement jusqu'en 2026 à mesure que les prix continuent de s'assagir.
La Banque de France table désormais sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) de la France de +0,8% en 2023, contre +0,9% jusqu'ici.
La Banque de France table désormais sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) de la France de +0,8% en 2023, contre +0,9% jusqu'ici. (Crédits : CHARLES PLATIAU)

Les prévisions de croissance de l'économie française ne cessent d'être revues à la baisse. Après l'OCDE et l'Insee ces dernières semaines, c'est la Banque de France qui a dégradé la sienne ce mardi 19 décembre. Elle table désormais sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) de +0,8% en 2023, contre +0,9% jusqu'ici. Cette révision tient compte d'un troisième trimestre dans le rouge (-0,1%), pénalisé par des investissements et une consommation des ménages sans vigueur.

Cette nouvelle estimation en tout cas colle presque parfaitement avec celles des deux autres organismes. L'Insee a indiqué la semaine dernière prévoir une croissance de +0,8% pour la France (contre également +0,9% précédemment). De son côté, l'OCDE mise sur +0,9% (contre 1% auparavant). Seul le gouvernement est plus optimiste avec +1% de croissance.

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Quant à la suite, les avis divergent. La Banque de France pense que la croissance devrait progressivement accélérer, à +0,9% en 2024, puis +1,3% en 2025 et +1,6% en 2026. L'accélération serait bien plus franche pour l'État et le Fonds monétaire international (FMI), qui table respectivement sur +1,4% et +1,3% l'année prochaine. À l'inverse, l'OCDE estime que la croissance va baisser (+0,8% en 2024). C'est dans tous les cas bien loin du +2,5% de 2022.

Encore forte en 2024, l'inflation baisserait ensuite

Reste que cette « reprise graduelle de la croissance », selon la Banque de France, est due à la « confirmation de notre scénario de désinflation avec reprise graduelle de la croissance », a commenté Olivier Garnier, directeur général des statistiques, des études et de l'international au sein de l'organisme. L'inflation atteindrait +5,7% en moyenne annuelle en 2023 et tomberait ensuite à +2,5% en 2024, mesurée selon l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) permettant la comparaison entre pays européens.

Ce reflux serait le fruit de la stratégie de resserrement monétaire menée par la Banque centrale européenne (BCE) depuis un an et demi pour justement refroidir les prix. Il s'expliquerait aussi par une décrue des prix alimentaires et énergétiques, tandis que ceux des services seraient tirés par les hausses salariales.

L'inflation continuerait ensuite de diminuer, passant début 2025 sous la barre des 2%, conformément à l'objectif de BCE. Ce, « en l'absence de nouveau choc sur les matières premières importantes », prévient néanmoins la Banque de France. La hausse générale des prix atteindrait alors +1,8% cette année-là et +1,7% en 2026, selon l'organisme français.

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Pas de récession à l'horizon

Autre bonne nouvelle : cette désinflation se fera dans « sans récession », a souligné Olivier Garnier, alors que la France vient d'y échapper de peu. Pour rappel, la récession se définit comme deux trimestres consécutifs en baisse du produit intérieur brut. Or, si le pays a enregistré un troisième trimestre 2023 négatif, le PIB devrait progresser de +0,1% entre octobre et décembre, selon la Banque de France, qui précise toutefois que ces projections s'inscrivent dans un contexte géopolitique « hautement incertain ». L'Insee table, lui, sur une croissance nulle en fin d'année.

Dès 2024, l'assagissement des prix combiné à la progression des salaires réels redonnera un peu d'air aux ménages, qui verront leur pouvoir d'achat s'accroître et devraient consommer plus (+1,5% en 2024 après +0,7% en 2023), de quoi soutenir davantage l'activité. Principal pilier de la croissance française, la consommation des ménages profiterait également d'une baisse du taux d'épargne, qui demeure toutefois à des niveaux élevés depuis la pandémie de coronavirus, à un taux anticipé de 16% en 2026.

Soutien de l'activité en 2023, le commerce extérieur devrait lui contribuer négativement à l'évolution du PIB l'an prochain.

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Une reprise « dynamique »... en 2026

À partir de 2025, l'effet négatif des taux élevés devrait commencer à s'estomper, selon la Banque de France, ce qui permettrait de relancer les investissements après un creux (-0,4%) attendu en 2024. Avant de redémarrer, les investissements des ménages devraient chuter de -4,1% l'an prochain, notamment dans la construction de logements neufs. Ils seraient davantage affectés par le durcissement des conditions de crédit que ceux des entreprises qui ralentiraient fortement à +0,5%. En 2026, la reprise de la consommation des ménages et les investissements se renforceraient « pour engendrer une reprise dynamique », a estimé l'organisme bancaire.

Le taux de chômage, qui augmenterait en passant de 7,3% en 2023 à 7,8% en 2025, repartirait à la baisse en 2026 (7,6%). Ce niveau demeure assez éloigné du plein emploi (soit 5% de chômage) promis par l'exécutif.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 19/12/2023 à 14:27
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j'ai vraiment l'impression qu'entre ce qui est dit et ce qui se passe, c'est tellement différent que finalement cela donne un signe tangible de dépression économique !

à écrit le 19/12/2023 à 12:41
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Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. France/décembre 2023: Indice PMI Manufacturier 42.0; Indice PMI Services 44.3; Indice PMI Composite 43.7 (Une valeur inférieure à 50 % indique une contraction de l'activité d'un secteur, alors qu'une va...

à écrit le 19/12/2023 à 10:27
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Le problème des baisses est également celui des hausses, elles ne sont jamais celles que nous espérons. Alexandre Bompard l'a très bien dit: "il y aura des baisses de prix... Enfin... la hausse des prix sera plus faible."

le 19/12/2023 à 12:43
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@henry. Ô que voilà une citation pertinente 😉 : "il y aura des baisses de prix... Enfin... la hausse des prix sera plus faible."👍

à écrit le 19/12/2023 à 10:27
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Bref tout ira bien en 2027 !

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