Douche froide en zone euro, l'inflation repart à la hausse en décembre

La perspective d'atteindre bientôt l'objectif d'une inflation inférieure à 2% s'éloigne au sein de la zone euro (les vingt pays ayant adopté la monnaie unique). Et pour cause, elle est remontée à 2,9% en décembre sur un an, contre 2,4% en novembre. Et ce, à cause de la pression des prix de l'énergie. Un constat qu'on retrouve en France, comme en Allemagne. En revanche, d'autres pays, l'Italie et le Portugal en tête, tirent leur épingle du jeu.
La hausse de l'inflation en décembre s'explique essentiellement par celle des prix de l'énergie.
La hausse de l'inflation en décembre s'explique essentiellement par celle des prix de l'énergie. (Crédits : DADO RUVIC)

[Article publié le vendredi 5 janvier 2024 à 11H34 et mis à jour à 12H19]Le phénomène se confirme au sein de la zone euro : l'inflation est remontée, pour les vingt pays ayant adopté la monnaie unique, en décembre à 2,9% sur un an, selon les chiffres dévoilés ce vendredi par Eurostat. Elle s'affichait pourtant à 2,4% en novembre, ce qui représentait alors une forte baisse par rapport aux mois précédents.

Ce n'est néanmoins pas une surprise. Le chiffre annoncé est, en effet, conforme aux prévisions des analystes interrogés par Bloomberg.

Cette nouvelle hausse s'explique uniquement par un moindre reflux des prix de l'énergie en décembre. Ils ont reculé de 6,7% par rapport au même mois de l'an passé, mais en novembre cette baisse avait atteint 11,5%. La hausse des prix de l'alimentation (y compris alcool et tabac) s'est infléchie, à 6,1% en décembre, après 6,9% le mois précédent.

Mais le chiffre le plus scruté par les marchés financiers et la Banque centrale européenne (BCE) est celui de l'inflation sous-jacente, corrigée des prix très volatils de l'énergie et de l'alimentation. Or, cet indicateur, jugé plus représentatif, a reculé en décembre à 3,4%, après 3,6% en novembre, en ligne avec les prévisions des analystes, un signal encourageant.

Quant à la hausse des tarifs des services, elle s'est maintenue à 4% sur un an en décembre, celle des biens industriels a reculé à 2,5%, soit 0,4 point de moins que le mois précédent.

La BCE ne veut pas baisser la garde

Il demeure que ces résultats viennent conforter les précautions prises par la Banque centrale européenne (BCE) quant à une possible baisse des taux. Alors que l'institution a opéré un resserrement de sa politique monétaire depuis juillet 2022 - le taux de dépôt, qui fait référence, est désormais à 4,0%, son niveau le plus haut depuis le lancement de la monnaie unique en 1999 -, elle a fait le choix, à plusieurs reprises ces derniers mois, de ne pas relever ses taux et de les laisser à leur niveau actuel.

Pour autant, « nous ne devons pas baisser la garde », a prévenu sa présidente, Christine Lagarde, en décembre dernier, assurant que l'institution « n'a pas discuté du tout de baisses de taux », lors de sa dernière réunion. Pour rappel, l'institution de Francfort a pour objectif de ramener l'inflation à 2%.

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Retour de l'inflation en France et en Allemagne

Or, cet objectif semble loin d'être acquis. En témoigne également le retour à la hausse de l'inflation française : elle a, en effet, enregistré un rebond surprise le mois dernier à 3,7% sur un an, contre +3,5% en novembre, selon des données provisoires, publiées la veille, par l'Insee. Selon les chiffres d'Eurostat, qui prend en compte l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), l'inflation y atteint 4,1% en décembre, faisant d'elle l'un des pays les plus touchés. À l'origine de ce rebond, comme dans le reste de l'Europe, se trouve « l'accélération » des prix de l'énergie et des services, a indiqué l'institut.

Même son de cloche en Allemagne, où l'inflation est remontée à 3,7% sur un an en décembre -3,8% selon Eurostat- ce qui constitue une hausse des prix à la consommation de 0,5 point de pourcentage par rapport à novembre, alors qu'elle avait ralenti à 3,2% sur un an, selon l'institut fédéral de la statistique Destatis, jeudi.

Quant à la Slovaquie et l'Autriche, elles ont vu les prix augmenter le plus rapidement avec une inflation respectivement à 6,6% et 5,7%.

Le Portugal sous la barre des 2%

En revanche, certains pays tirent leur épingle du jeu. À commencer par le Portugal qui a vu son inflation diminuer en décembre. Mieux : le pays est parvenu à la faire redescendre sous la barre des 2%. Elle se situait, en effet, à 1,8% sur un an le mois dernier, contre 2,2% en novembre.

Lire aussiComment le Portugal est devenu le bon élève de l'Union européenne

De quoi conforter sa place de bon élève au sein de la zone euro. Le pays prévoit par exemple de dégager en 2023 un excédent public de 0,8% du PIB, alors que le gouvernement tablait jusqu'à octobre sur un déficit de 0,4%, selon le projet de budget de l'Etat pour 2024. Un résultat sans précédent depuis quasi 50 ans. Quant à la dette publique, le gouvernement prévoit de la ramener sous le seuil des 100% du PIB dès 2024. Enfin, les services statistiques du Portugal anticipent pour cette année un PIB en hausse de 2,2%.

La Belgique et l'Italie peuvent, elles, se targuer d'avoir le taux d'inflation le plus faible en décembre, à 0,5%, au sein de la zone euro selon les chiffres d'Eurostat. Il a même diminué de nouveau en Italie. « En décembre s'est poursuivie la phase de baisse de l'inflation, qui diminue à 0,6% contre 11,6% en décembre 2022 », grâce à « la baisse des tensions sur les prix des biens énergétiques (+1,2% contre +50,9% en 2022) », a commenté l'Institut national de la statistique (Istat). Elle se situe donc a un niveau bien inférieur à celui de la moyenne de la zone euro.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 05/01/2024 à 13:20
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c'etait ce que artus disait ya 10 jours

à écrit le 05/01/2024 à 12:32
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Maintenant que Macron est réélu, on peut laisser filer l'inflation, n'est-ce pas ?

à écrit le 05/01/2024 à 12:20
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pourquoi, pensez vous que la question des marges hier n'est pas la même aujourd'hui !?? les mêmes arnaqueurs sont la, donc tant que l'on joue on gagne ! Et surtout : N'EST PAS MACRON QUI A INVERSE LE RAPPORT DE FORCE EN FEVRIER DERNIER OU CE FU...

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