Les Britanniques toujours divisés sur le Brexit

Par Audrey Fisne  |   |  728  mots
Après le référendum du 23 juin 2016, les Britanniques semblent en désaccord avec le "hard Brexit" que veut enclencher la Première ministre Theresa May.
Un an après le référendum, les Britanniques restent divisés sur le sujet du Brexit. Selon les sondages, c'est en faveur d'un "soft Brexit" qu'ils se tournent, s'opposant à Theresa May. Et si l'incertitude règne outre-Manche, pour certains, elle se transforme en crainte profonde. Témoignages.

Le 23 juin 2016, une courte majorité de Britanniques décidait de voter en faveur du Brexit. Un an après, La Tribune dresse le bilan de douze mois mouvementés, ponctués par le début officiel des négociations entre le Royaume-Uni et l'UE.

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Il y a tout juste un an, les Britanniques se divisaient sur la question du Brexit, privilégiant, à 51,9% une sortie de l'Union européenne. Juste avant le référendum, les sondages alternaient les hypothèses pour les intentions de votes : tantôt Leave, tantôt Remain. Un an plus tard, les résultats restent serrés et les courbes continuent de se chevaucher, selon les organismes de sondages.

[Crédits : Statista.]

Et si l'opinion concernant le divorce UE-Royaume-Uni est instable, plusieurs sondages révèlent que les Britanniques n'adhèrent pas à la façon dont le Brexit est mené par Theresa May. Le taux de confiance des Britanniques en la Première ministre baisse : il est passé de 48% en mars à 37%, selon Yougov. Gah-Kai Leung, jeune Anglais, tente d'y apporter une explication:

"Dans l'opinion de tous les britanniques, sa position est extrêmement affaiblie après les élections, qui ont prouvé que les gens en ont assez de l'austérité fiscale, qui a ruiné les services publiques."

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De la même façon, la proportion de Britanniques pensant que le gouvernement adopte le bon comportement vis-à-vis du Brexit est descendue de 40% en avril à 22%, toujours selon Yougov. La manière de mener à bien le Brexit est controversée puisque, 43% des Britanniques estiment que le gouvernement devrait continuer sur sa lancée tandis que 23% des Britanniques souhaiteraient que l'Etat reconsidère les termes des négociations avec l'UE et choisiraient plutôt un "soft brexit", 17% souhaiteraient un nouveau référendum et 7% pensent qu'il faudrait tout bonnement abandonner le Brexit (10% d'abstention sur la question). Selon Survation, lorsqu'il s'agit de ne choisir qu'entre deux propositions: un hard Brexit et un soft Brexit, 55% des Britanniques interrogés affirmeraient être en faveur d'un divorce "en douceur".

 "Les gens qui ont voté pour le Brexit étaient choqués du résultat du référendum de l'an dernier. Certains ont même regretté leur vote, mais avec le temps qui passe, l'opinion générale semble plutôt être 'nous y sommes, finissons-en'", relève Anna Fayemi, ressortissante française vivant à Londres.

Pour Joe Twyman, directeur du pôle politique et social à Yougov, l'intérêt pour le Brexit semble avoir été surestimé durant l'année écoulée :

"Beaucoup de Britanniques n'ont pas suivi avec attention les événements. D'un côté, l'opinion n'a pas changé pour beaucoup, mais de l'autre, s'il y a des évolutions à ce sujet, ce sera petit à petit. Les négociations ne viennent que de commencer. Elles vont sans doute jouer un rôle clé."

Des sérieuses craintes

Et si l'incertitude règne outre-Manche, pour certains, elle se transforme en crainte profonde. Anna Fayemi, dont la petite fille et le mari sont anglais, en témoigne:

"Nous ne savons pas encore ce que le Brexit va nous apporter : ni en tant qu'Anglais - hausse ou baisse de salaire ? Création d'emploi ou perte de main d'œuvre? Diminution ou augmentation du pouvoir d'achat ? Baisse de la livre ? - ; ni en temps en tant que ressortissants européens. Nous avons entendu, que tous les ressortissants européens ayant vécu en Grande-Bretagne depuis 5 ans seraient autorisés à y rester mais nous ne sommes pas sûrs des négociations entamées !"

Et d'ajouter :

"Ne pas savoir si je vais pouvoir rester vivre en Angleterre et travailler ici. Si j'aurai besoin d'un visa pour venir voir ma fille, qui possède la double nationalité, si elle choisit de faire ses études au Royaume-Uni. Si la libre circulation de la culture, de la science, de la recherche médicale, le partage des données, des connaissances sera encore possible ? Le Brexit soulève énormément de questions. Qu'en est-il de l'entente cordiale entre la France et l'Angleterre ? Du tunnel sous la manche ? Encore beaucoup de questions restent en suspens. Nous attendons de voir ce qu'il va se passer. Les âmes se sont apaisées, semble-t-il, mais le Brexit a vraiment divisé une nation entière..."

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