Inflation en hausse et faible croissance : la zone euro glisse vers la récession

Par latribune.fr  |   |  746  mots
L'inflation atteint 10,7% au sein de la zone euro en octobre sur un an. (Crédits : YVES HERMAN)
Double peine pour la zone euro. Elle voit son inflation s'accélérer à 10,7% sur un an en octobre et sa croissance économique ralentir fortement à +0,2% laissant planer le spectre d'une récession. Un risque d'autant plus présent que la Banque centrale européenne a relevé, pour la troisième fois le 27 octobre dernier, ses taux d'intérêt directeurs.

[Article publié le 31 octobre, mis à jour à 13H15]

Énième mauvaise nouvelle pour l'Europe : l'inflation ne baisse pas. Pire, elle s'accélère. La hausse des prix atteignait, en effet, +10,7% en octobre sur un an contre 9,9% en septembre (chiffre révisé) dans la zone euro (les 19 pays ayant adopté la monnaie unique), selon les chiffres annoncés, ce lundi, par Eurostat. C'était déjà, en septembre, le plus haut niveau depuis qu'Eurostat a commencé à publier l'indicateur en janvier 1997.

Ces mauvais résultats interviennent alors que la Banque centrale européenne a décidé le 27 octobre dernier de relever pour la troisième fois ses taux d'intérêt directeurs. Comme en septembre, la hausse est de 75 points de base, contre 50 lors du premier relèvement en juillet. L'objectif : lutter contre l'inflation galopante. Cette politique monétaire « vise à réduire le soutien à la demande et à éviter le risque d'un glissement à la hausse persistant des anticipations d'inflation », a ainsi justifié la BCE dans son communiqué, précisant qu'à compter du 2 novembre 2022, le taux de refinancement s'établira à 2%, celui du prêt marginal à 2,25% et celui de la rémunération de dépôt à 1,5%, selon la BCE.

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Dans le détail, c'est la France qui s'en sort le mieux en matière d'inflation grâce aux nombreuses mesures de protection des consommateurs, avec notamment une baisse des tarifs des carburants et le bouclier tarifaire qui plafonne la hausse des prix de l'énergie. Le pays parvient ainsi à conserver, en octobre l'inflation la plus faible d'Europe, à 7,1%, selon les données harmonisées d'Eurostat. En comparaison, l'Allemagne est à 11,6%. Les pays baltes, particulièrement exposés aux conséquences de la guerre en Ukraine, subissent l'inflation la plus élevée: elle a atteint 22,4% en Estonie, 22% en Lituanie et 21,8% en Lettonie.

Une croissance qui ralentit

Sur le front de la croissance économique, les perspectives sont également peu encourageantes, même si les résultats communiqués par Eurostat ce lundi sont un peu mieux qu'attendu. Le PIB de la zone euro a augmenté de 0,2% sur la période juillet-septembre par rapport au trimestre précédent, après avoir déjà mieux résisté que prévu au 2e trimestre (+0,8%).

En France et en Espagne, le PIB a progressé de 0,2% au 3e trimestre, après une hausse respectivement de 0,5% et 1,5% au trimestre précédent, selon des chiffres déjà rendus publics vendredi. En Allemagne, où un recul du PIB était attendu, l'activité de la première économie européenne a en fait progressé de 0,3%, alors que le pays est l'un des plus touchés par la crise énergétique et l'inflation. Quant à l'Italie, le pays a enregistré une croissance de 0,5%, alors que l'ancien gouvernement, dirigé par Mario Draghi, prévoyait un « léger recul » du PIB. De bons résultats qui s'expliquent notamment par la consommation des ménages restée solide cet été en période de vacances et par les mesures de soutien des gouvernements à la demande.

Pas de quoi éloigner pour autant le spectre d'une récession qui inquiète l'Europe depuis plusieurs mois. D'autant que la stratégie de la BCE, pour lutter contre l'inflation en resserrant sa politique monétaire, a pour conséquence de pénaliser la croissance de la zone euro, faisant planer le risque d'une récession.

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La croissance, certes en berne mais tout de même positive de juillet-septembre ne pourrait donc être qu'un sursis, avec la flambée des prix qui continue de s'accélérer sur fond de guerre en Ukraine et de crise énergétique et que d'autres indicateurs montrent d'ores et déjà une contraction de l'activité économique, observent les experts. « Il ne s'agit plus de savoir si nous allons entrer en récession, mais de savoir de quelle sévérité sera cette récession (...) Une récession cet hiver en zone euro est imminente », ont prévenu les analystes du cabinet Oxford Economics. Le 14 octobre dernier, le vice-président de la BCE, Luis de Guindos, alertait, lui aussi, sur ce risque. Si la croissance du PIB est encore attendue à 3,1% en 2022 en zone euro par l'institution monétaire, la fin de l'année et le début de la suivante offrent « une combinaison très difficile de faible croissance économique, y compris la possibilité d'une récession technique, et d'inflation élevée », avait-il déclaré.

(Avec AFP)