Zone euro : vers un scénario de récession de près de 1% en 2023

Si la croissance du PIB est encore attendue à 3,1% en 2022 en zone euro par la BCE, la fin de l'année et le début de la suivante offrent « une combinaison très difficile de faible croissance économique, y compris la possibilité d'une récession technique, et d'inflation élevée », a prévenu le vice-président de la Banque centrale européenne, Luis de Guindos.
Ce vendredi, le vice-président de la Banque centrale européenne (BCE), Luis de Guindos, a alerté sur les risques de récession.
Ce vendredi, le vice-président de la Banque centrale européenne (BCE), Luis de Guindos, a alerté sur les risques de récession. (Crédits : BCE)

Chaque jour, le scénario de récession inquiète un peu plus. Le 6 octobre dernier, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) indiquait s'attendre à ce qu'un nombre important de pays connaissent au moins deux trimestres consécutifs de repli de leur PIB, définition d'une récession technique, entre la fin de cette année et 2023. Un risque qui devrait concerner « environ un tiers de l'économie mondiale » alors que « pour de nombreux foyers à travers le monde, même si la croissance est positive, ils auront le sentiment d'être en récession, à cause de la hausse du coût de la vie », estimait Kristalina Georgieva.

Une perspective qui concerne particulièrement l'Europe. Ce vendredi, le vice-président de la Banque centrale européenne (BCE), a, lui aussi, alerté sur les risques de récession. Selon Luis de Guindos qui s'exprimait dans une interview au quotidien lituanien Verslo Zinios, l'activité économique de la zone euro (les dix-neuf pays à avoir adopté la monnaie unique) tend vers un scénario de récession de près de 1% en 2023. La BCE a établi en septembre plusieurs hypothèses pour la croissance de la zone euro en 2023 et « ce que nous considérions comme notre scénario baissier (...) se rapproche du scénario de base », a-t-il expliqué. Selon ce scénario, le produit intérieur brut de la zone euro se contracterait de près de 1% l'an prochain, tandis que celui de référence prévoit une croissance de 0,9%.

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Inquiétudes sur les approvisionnements en gaz

La différence « réside dans l'évolution des approvisionnements énergétiques en provenance de Russie », a-t-il rappelé. Dans l'hypothèse de base, 20% des livraisons d'énergie continueraient d'être fournies, contre une coupure totale dans le pire des cas, qui est désormais le plus clairement envisagée. Depuis le 2 septembre, les livraisons de gaz russe via le gazoduc Nord Stream 1, qui relie la Russie à l'Allemagne, sont, en effet, à l'arrêt. Et ce, jusqu'à la réparation d'une turbine défectueuse, justifie la Russie - un argument régulièrement contesté par le gouvernement allemand notamment, qui accuse Moscou d'utiliser l'énergie comme « arme de guerre ».

Début septembre, le commissaire européen à l'Economie Paolo Gentiloni s'est néanmoins montré optimiste, assurant que l'Union européenne était « bien préparée » en cas d'arrêt total des livraisons de gaz russe, grâce au stockage et aux mesures d'économie d'énergie. « Nous n'avons pas peur des décisions de Poutine, nous demandons aux Russes de respecter les contrats, mais s'ils ne le font pas, nous sommes prêts à réagir », avait-il souligné, rappelant que « le stockage de gaz est actuellement à environ 80%, grâce à la diversification des fournitures » au sein de l'Union européenne. Et même si la situation diverge d'un pays à l'autre - l'Allemagne étant beaucoup plus dépendante des exportations d'hydrocarbures russes - l'UE entend faire preuve de solidarité. La France a, par exemple, commencé à approvisionner l'Allemagne en gaz, jeudi dernier. « On sent que l'Allemagne va demander de changer le sens du flux des livraisons de gaz. Il y a une question de solidarité. Si nous sommes dans une bonne situation, on peut se permettre d'envoyer du gaz pour soutenir nos voisins allemands. La question c'est quand et dans quelles quantités », expliquait le ministère de la Transition énergétique, mi-juillet.

Inflation et resserrement monétaire

Si la croissance du PIB est encore attendue à 3,1% en 2022 en zone euro par la BCE, la fin de l'année et le début de la suivante offrent « une combinaison très difficile de faible croissance économique, y compris la possibilité d'une récession technique, et d'inflation élevée », a également estimé Luis de Guindos. Car, la pénurie de gaz n'est pas le seul facteur qui pèse sur l'Europe. Cette dernière connaît, comme beaucoup d'autres zones dans le monde, une inflation croissante. En septembre, elle a passé la barre symbolique des 10% sur un an au sein de la zone euro, contre 9,1% en août. Ce qui s'explique par la hausse des prix de l'énergie, mais aussi de ceux de l'alimentation. La BCE voit l'inflation osciller autour de 10% jusqu'à la fin 2022 et commencer à diminuer progressivement en 2023

Cette situation a contraint la BCE à opter pour un resserrement monétaire. Elle a ainsi mené plusieurs relèvements de ses taux, dont un de 75 points de base en septembre dernier. Mais cette stratégie n'est pas sans conséquence et rapproche la zone euro d'un scénario de récession. « Le contexte mondial actuel, y compris l'action de la politique monétaire, le choc énergétique et la détérioration des termes de l'échange, entre autres, pointent vers un ralentissement de l'économie mondiale et, éventuellement, du taux d'inflation également », a ainsi conclu le vice-président de la BCE. La prochaine réunion du conseil des gouverneurs de l'institution, prévue le 27 octobre, pourrait déboucher sur une nouvelle hausse de 75 points des taux directeurs, comme en septembre, selon les déclarations de banquiers de la zone euro et d'observateurs.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 14/10/2022 à 20:50
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chaque année depuis 3 ans les économistes nous rabâchent la récession la fin du monde de l économie et je ne vois rien arriver au contraire

à écrit le 14/10/2022 à 14:14
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Depuis qu'on l'attend, cette crise, il serait temps qu'elle arrive

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