BNP : opération "french bashing" dans la presse américaine

Par latribune.fr  |   |  670  mots
BNP Paribas risque une amende pouvant aller jusqu'à 10 milliards de dollars.
Soupçonnée d'avoir contourné des sanctions imposées par les Etats-Unis, BNP Paribas risque une amende de 10 milliards de dollars. Les autorités françaises tentent d'éviter une telle sanction. Outre-Atlantique, cette montée au créneau est considérée comme une forme d'ingérence. Revue de presse.

L'amende record qui plane sur BNP Paribas, perturbera-t-elle les célébrations des 70 ans du débarquement? Elle a commencé à secouer les relations entre Paris et Washington. Les médias américains s'en faisaient déjà l'écho avant même que Laurent Fabius ne s'en prenne publiquement à l'éventualité d'une "décision injuste et unilatérale". 

  • New York Times "Les autorités françaises tordent le bras des Etats-Unis"

Dans un blog intitulé "DealB%k", le quotidien new-yorkais publie une longue analyse de la situation. Citant des sources proches du dossier, il indique que François Hollande lui-même a contacté la Maison-Blanche. Des responsables politiques français auraient même tenté de faire appel au Secrétariat d'Etat (ministère des Affaires étrangères) ainsi qu'au Trésor.

Christian Noyer, le Gouverneur de la Banque de France, ainsi qu' Edouard Fernandez-Bollo, le secrétaire général de l''Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, auraient directement rencontré les procureurs new-yorkais en charge du dossier. Parmi eux figure Cyrus Vance Jr., le procureur général de New York qui a notamment été en charge de l'enquête sur Dominique Strauss-Kahn. 

>> BNP Paribas a respecté les règles de l'Europe et des Nations unies (Noyer)

Pour les auteurs de l'article, ces répliques de la part de la France:

"reflètent les divergences juridiques et culturelles avec les Etats-Unis où toute intervention politique dans l'application de la loi est typiquement taboue". 

D'après le New York Times, la France n'est pas la seule à tenter l'ingérence dans un dossier judiciaire touchant une entreprise nationale. Credit Suisse aurait reçu un soutien similaire de la part du ministre des Finances de la Confédération. 

  • Bloomberg: BNP n'est pas le seul sujet de discorde 

De son côté, l'agence Bloomberg rappelle dans une dépêche datée du 2 juin, que le dossier BNP n'est pas le "seul sujet de tension commerciale entre les représentants de la France et des Etats-Unis". Il évoque le cas de General Electric qui convoite les activités Energie d'Alstom, et ce alors que le ministre de l'Economie français affiche ses préférence pour une autre prétendant: l'allemand Siemens. 

  • International Business Times: "punir une industrie"

Le site anglophone co-fondé à New York par le Français Etienne Uzac, estime que les amendes imposées aux grandes banques "représentent une opportunité de punir une industrie considérée par de nombreuses personnes comme responsable de la crise". 

Une experte de l'industrie bancaire, Nancy Bush, citée par l'International Business Times, juge en outre que les marges de manœuvre de François Hollande dans ce dossier sont minces car "s'il existe une Union européenne, il n'y a pas d'union européenne des banques". Du moins pas encore. 

  • Dealbreaker :"la pire humiliation pour la France depuis 1940"

Cet autre site d'information économique new-yorkais au ton habituellement incisif va bien plus loin. Cette amende record est à ses yeux "la pire humiliation pour la France depuis 1940", affirme-t-il dans un court billet qui se contente de renvoyer vers un article du Wall Street Journal datant du 30 mai et de rapporter des réactions politiques aux révélations sur les menaces qui pèsent sur l'établissement financier. 

  • Quartz s'inquiète pour le système financier

Le site Quartz, de son côté, évalue les conséquences d'une telle amende pour la banque. Elle serait contrainte de stopper le versement des dividendes à ses actionnaires, serait obligée de lever des fonds, pourrait perdre des clients. Mais le risque, s'interroge l'auteur de l'article, ne serait-il pas plus grande encore? Si l'amende de 2,6 milliards de dollars que Credit Suisse a accepté de payer n'a pas ébranlé le système financier, relève-t-il, "cela ne signifie pas que les choses se passeront toujours dans la douceur". Il cite à cet égard une note de JP Morgan qui pointe les 39 milliards de dollars d'exposition de BNP Paribas dans le marché monétaire américain en avril.