Affaire Euribor : 5 et 8 ans de prison pour deux ex-traders français

Par Delphine Cuny  |   |  321  mots
Christian Bittar, ex-trader vedette de la Deutsche Bank à Londres, été condamné à cinq ans et quatre mois d'incarcération. Il avait plaidé coupable en mars et était en détention depuis (photo prise en 2016). (Crédits : Peter Nicholls)
Un tribunal londonien a condamné un ex-trader de la Barclays, Philippe Moryoussef, et un de Deutsche Bank, Christian Bittar, pour avoir tenté de manipuler le taux interbancaire Euribor dans les années 2005-2009. Réfugié en France, Philippe Moryoussef va saisir la Cour européenne des droits de l'homme selon son avocat.

La sentence est tombée jeudi 19 juillet, une semaine après la condamnation : la justice britannique a infligé de lourdes peines de prison à deux ex-traders français, reconnus coupables de fraude dans l'affaire des manipulations du taux d'intérêt interbancaire Euribor, des faits remontant à la période 2005-2009.

Christian Bittar, 46 ans, ancien de la Deutsche Bank, qui avait plaidé coupable en mars dernier et était incarcéré depuis, a écopé d'une peine de 5 ans et 4 mois de prison. L'ex-trader de la banque allemande à Londres, qui avait gagné un bonus de 90 millions de livres (environ 100 millions d'euros) en 2008, a également accepté de payer 3,3 millions de livres en dommages et intérêts, rapporte l'agence Bloomberg.

Absent au procès, réfugié en France, Philippe Moryoussef, 50 ans, ex-trader à la Barclays, que son ami Christian Bittar a présenté comme son complice, a été condamné par contumace à 8 ans de prison. Son avocat François de Castro a indiqué qu'il porterait plainte devant la Cour européenne des droits de l'homme.

La suite du procès en janvier

Dans cette affaire, un cadre toujours en poste à la Deutsche Bank, Achim Kraemer,  a été déclaré innocent la semaine dernière. Le jury n'a en revanche pas su se mettre d'accord sur le sort de trois autres ex-traders de Barclays, qui avaient plaidé non coupable : leur procès reprendra en janvier 2019.

Le Serious Fraud Office (SFO), l'agence britannique de lutte contre la corruption et les infractions financières les plus graves, qui poursuivait les deux traders, s'est vu refuser sa demande d'extradition de quatre autres anciens opérateurs de marché allemands de la Deutsche Bank et un, Français, de la Société Générale.

Dans une autre affaire assez proche, un ancien trader d'UBS, Tom Hayes, avait été condamné en 2015 à une peine de 14 ans de prison, réduite en appel à 11 ans, pour des manipulations du taux Libor (le taux du marché interbancaire à Londres).