« Avec la loi Macron, le client va se reposer la question de sa banque » (Axa)

Par Delphine Cuny  |   |  879  mots
Chez Axa Banque, « 80% des clients s'enrôlent auprès de leur agent » d'assurance.
Pour l'assureur Axa, l'entrée en vigueur en février du service d'aide à la mobilité bancaire crée l'opportunité de conquérir de nouveaux clients. Sa filiale Axa Banque, "digitale native" supprime les frais de tenue de compte et joue la carte du réseau d'agents allié au digital.

L'entrée en vigueur de la loi Macron sur la mobilité bancaire va-t-elle rebattre les cartes du marché ? C'est l'espoir de tous les challengers et nouveaux entrants à l'approche du 6 février, date d'entrée en vigueur du service d'aide à la mobilité bancaire, qui obligera les établissements à procéder aux démarches à la place de leurs clients pour que tous les prélèvements et virements automatiques, d'EDF au salaire, suivent sans interruption et sans incident. Axa Banque par exemple en profite pour remodeler son offre et supprimer les frais de tenue de compte mis en place il y a quelques mois.

« Avec la loi Macron, le client va se reposer la question de sa banque. On y croit beaucoup » a déclaré Marie-Cécile Plessix, la nouvelle directrice générale d'Axa Banque, lors d'une rencontre avec la presse lundi.

La « barrière à la sortie » bientôt levée

La filiale de l'assureur, qui avait racheté Banque directe à BNP Paribas en 2002, compte un peu plus de 700.000 clients (à comparer aux 900.000 et un million des leaders Boursorama et ING Direct) et le nombre de comptes actifs serait en croissance de 10%. Son produit net bancaire approche des 150 millions d'euros et son bilan « augmente de 100 millions d'euros par mois » a confié Amaury de Warenghien, le directeur des finances, de la stratégie et du juridique d'Axa France.

« Nous visons au premier chef les plus de 6 millions de clients d'Axa en France [qui constituent déjà 80% des clients de la banque, ndlr] » a-t-il expliqué. « L'arrivée de la loi Macron constitue pour nous une excellente opportunité de leur parler de la banque. Aujourd'hui, il y a une barrière à la sortie. Nous ne disons pas qu'il y aura un mouvement de masse à partir du 6 février mais cette entrée en vigueur va apaiser les angoisses et lever un frein psychologique important. »

Il suffira en effet au client de signer un "mandat de mobilité bancaire" avec sa nouvelle banque pour obtenir le transfert de domiciliation automatisé (virements, prélèvements, solde positif du compte), qui sera effectif dans un délai maximum de 22 jours ouvrés.

Banque « digitale native » et réseau d'agents

L'assureur décrit sa banque comme « digitale native » du fait de son histoire - tout peut être fait en ligne, depuis l'application mobile ou en relation avec l'un des 450 conseillers bancaires de sa plateforme téléphonique disponible 6 jours sur 7 - mais il indique que « 80% des clients s'enrôlent auprès de leur agent » d'assurance. Axa Banque peut en effet s'appuyer sur son réseau propriétaire d'agents, commissionnés à l'acte : 2.500 sont certifiés intermédiaires en opérations bancaires, dont 850 sont de vrais « assurbanquiers » pouvant réaliser des crédits immobiliers ou à la consommation.

« Les agents généraux sont des entrepreneurs, ils s'endettent pour leur activité, ils embauchent et ils accompagnent en moyenne leur client sur une durée d'au moins 12 ans. Ce n'est pas le chamboulement tous les deux ans et demi comme dans les banques installées » a fait valoir le directeur des finances, de la stratégie et du juridique d'Axa France.

Le groupe d'assureur est convaincu qu'il est « indispensable d'avoir une présence physique » comme en attestent plusieurs enquêtes où les sondés soulignent l'importance de la proximité de l'agence ou de la possibilité de pouvoir rencontrer physiquement un conseiller en cas de besoin.

Vers un arrêt de la banque mobile Soon ?

Du côté du numérique, Axa Banque va « se poser la question de l'avenir de Soon », une offre disponible uniquement sur smartphone, lancée en 2014 à destination des jeunes actifs et étudiants : « ça a été un laboratoire pour tester de nouvelles spécifications, nous avons énormément appris » a déclaré Amaury de Warenghien. Soon, qui aurait 27.000 clients, est en fait absorbée dans l'offre principale d'Axa Banque qui en reprend plusieurs éléments, tels que la catégorisation et la géolocalisation des dépenses, le calcul du reste à dépenser, la fonction « lock & unlock » qui permet de désactiver temporairement sa carte bancaire en un clic, qui sera proposée en février.

D'autres fonctions innovantes seront ajoutées pour créer un « centre de contrôle » des comptes et de la carte, comme la gestion du plafond à distance, l'exclusion de l'e-commerce ou de certaines zones géographiques :

« Nous sommes la banque qui protège, c'est notre ADN » a défendu Marie-Cécile Plessix. « Les gens veulent quelque chose de simple et de fluide. »

D'où la suppression des frais de tenue de compte et la gratuité de la carte bancaire (Visa Classic ou Premier), à condition de réaliser au minimum 300 euros d'achat par mois, 150 euros pour les moins de 30 ans. Axa se défend de participer à la chasse aux clients à coups de primes :

« Nous ne souhaitons pas faire de la croissance à tout-va, de la bâtonnite avec des campagnes d'ouverture de comptes où l'on achète le client, parfois pour 500 ou 700 euros. En un trimestre, nous pourrions devenir le premier collecteur de livret. La traction commerciale, si on veut, elle est là » a avancé Amaury de Warenghien.

Axa Banque ne dédaigne pas pour autant les petits coups de pouce à l'ouverture de compte : elle offre jusqu'à 250 euros aux nouveaux clients qui acceptent de domicilier chez elle leur salaire.