Nickel se voit déjà comme le quatrième réseau bancaire français

Par Estelle Nguyen  |   |  817  mots
Nickel a réaffirmé ses ambitions pour les prochaines années, prévoyant deux millions de comptes ouverts et 10.000 partenaires buralistes à l'horizon 2020. (Crédits : Eric Gaillard)
Près de quatre ans après l’ouverture du service, mi-février 2014, le compte distribué dans les bureaux de tabac confirme son succès grandissant en franchissant la barre symbolique du million de clients. Nickel prévoit de grimper au quatrième rang en termes de réseau de distribution fin 2018 et vise les deux millions de clients d'ici à 2020.

« Unique », c'est le terme utilisé par Hugues Le Bret pour expliquer le succès de Nickel. Le cofondateur du service de compte « sans banque, ouvert en 5 minutes chez le buraliste » pour 20 euros par an, a revendiqué plus d'un million de comptes ouverts, lors d'une conférence de presse ce vendredi 7 septembre. Un cap franchi un an après le rachat par BNP Paribas.

« On a lancé l'offre il y a quatre ans et demi, le 11 février 2014. Nous sommes au tout début de l'histoire Nickel et de sa croissance. Le 22 août dernier s'est ouvert le millionième compte Nickel au tabac de Saint-Paul-lès-Dax. Atteindre le million en quatre ans et demi, c'est quelque chose qui ne s'est jamais vu dans l'histoire de la banque », s'est félicité Hugues Le Bret, cofondateur du Compte Nickel, rebaptisé Nickel tout court.

Nickel se place désormais juste derrière Boursorama, qui a atteint 1,5 million de clients en juillet dernier, mais il affirme devancer ING Direct en se fondant sur le seul chiffre des comptes courants, soit 400.000, quand la filiale de la banque néerlandaise revendique un million de clients, livrets d'épargne compris, Fortuneo (400.000 estimés), Hello bank! de BNP Paribas (350.000) et Monabanq (310.000 estimés).

Devant le réseau des Caisses d'Epargne en fin d'année

L'entreprise se présente même comme « le cinquième réseau bancaire » avec actuellement près de 3.700 points de vente, après la Caisse d'Épargne (4.100 agences). À l'heure où les grands groupes taillent dans leur réseau pour faire des économies et s'adapter à la baisse de fréquentation, Nickel prévoit de grimper au quatrième rang fin 2018, en atteignant « 5.000 agences », comprendre des bureaux de tabac, qui n'offrent pas exactement les mêmes services qu'une agence bancaire. Pour mémoire, si les buralistes suivent une formation sur la lutte contre le blanchiment notamment, Nickel a l'agrément d'établissement de paiement et non une licence bancaire.

Lors de la conférence de presse, Philippe Coy, le président de la Confédération des buralistes, a révélé qu'il étudiait avec BNP Paribas la possibilité de proposer de nouveaux services bancaires. Les buralistes sont, en effet, en quête de nouvelles sources de revenus du fait de la baisse des ventes de cigarettes (-1,48% en volume en 2017).

Pour répondre aux besoins exprimés par ses clients, Nickel est en train de réfléchir à une manière d'accepter les dépôts de chèques, par exemple. Autre nouveauté : le lancement, dans les jours à venir, d'une version repensée de l'application mobile, qui intégrera un suivi du solde en temps réel.

Le directeur général de Nickel, Arnaud Giraudon, a cependant exclu d'idée d'étoffer l'offre avec de l'épargne ou du crédit à la consommation. L'entreprise a toutefois récemment lancé une carte plus haut de gamme, en avril dernier. En quatre mois, 40.000 cartes baptisées "Nickel Chrome", facturées à 30 euros par an, ont été écoulées.

Objectif deux millions de clients en 2020

Si au départ, la communication de Nickel était basée sur l'idée de proposer une alternative aux banques, son acquisition par BNP Paribas l'année dernière pour 200 millions d'euros (95% du capital depuis décembre 2017) ne semble cependant pas avoir détourné les consommateurs. Les clients qui ont fait de Nickel leur compte principal, lui sont restés fidèles et 65% d'entre eux verseraient de l'argent tous les mois, selon Hugues Le Bret.

Ce rachat ne signifie pas non plus changement de stratégie, ont insisté les dirigeants. En termes de profil, sa clientèle semble être restée identique depuis son lancement, avec 40% de clients fichés à la Banque de France.

« BNP Paribas nous apporte "visuellement" très peu parce que cela faisait partie de l'accord de garder l'autonomie de la marque. D'ailleurs, concernant le logo, on est parti sur l'idée de la carotte pour renforcer le lien avec les buralistes », a affirmé Hugues Le Bret.

Selon le cofondateur du compte Nickel, la banque de la rue d'Antin serait surtout bénéfique pour « les synergies opérationnelles », c'est-à-dire, « tout ce qui concerne le blanchiment, la conformité, la cybersécurité, temps réel » et « le savoir-faire concernant les volumes ». De son côté, Arnaud Giraudon a assuré que Nickel n'a aucune intention de toucher à la tarification.

« On veut rester ce que l'on est, on entend rester fidèle à notre identité », a-t-il insisté lors de la conférence.

L'entreprise, qui précise qu'à chaque intégration d'un nouveau buraliste, 12 comptes sont ouverts par mois, prévoit une accélération de son déploiement. Elle compte notamment sur le bouche-à-oreille pour atteindre son objectif de deux millions de comptes ouverts et 10.000 buralistes partenaires (qui sont rémunérés lors de la vente d'une ouverture de compte ou lorsqu'ils éditent un RIB, par exemple) à l'horizon 2020.