Banque : 8.000 suppressions d'emplois et rachat d'actions massif chez UniCredit

Par Delphine Cuny  |   |  457  mots
Le Français Jean-Pierre Mustier préside la banque italienne depuis juillet 2016. (Crédits : Remo Casilli)
La première banque italienne par les actifs a dévoilé ce mardi un plan stratégique axé sur la création de valeur pour l'actionnaire, dans un contexte de taux bas où les revenus progressent à peine.

Les rumeurs de cet été n'étaient pas si éloignées de la réalité. La première banque italienne en termes d'actifs, UniCredit, a dévoilé ce mardi 3 décembre, lors d'une journée avec les investisseurs à Londres, son nouveau plan stratégique à trois ans baptisé Team23 qui va tailler dans les équipes : il prévoit 8.000 suppressions d'emplois (équivalents temps plein), et non 10.000 comme évoqué en juillet, d'ici à 2023, soit 9% des effectifs, et 500 fermetures d'agences. Selon les syndicats, entre 5.500 et 6.000 postes seraient supprimés en Italie.

Le communiqué de presse n'évoque pas directement ces réductions d'emplois, qui font partie d'un plan d'économies d'un milliard d'euros et apparaissent en petite note annexe des grands objectifs financiers.

Le plan précédent Transform 2019 avait déjà réduit de 21% les effectifs et de 25% les agences sur les marchés "matures" (Italie, Allemagne, Autriche), se traduisant par une diminution de coûts de 2,1 milliards d'euros.

Le nouveau plan stratégique est axé sur la création de valeur pour l'actionnaire, estimée à 16 milliards d'euros sur la période, recouvrant le renforcement des fonds propres et 8 milliards de distribution aux actionnaires, sous forme de dividendes et d'un programme de rachat d'actions massif (2 milliards d'euros).

"Grâce à nos actions décisives et à notre détermination sans relâche à réduire les risques et à assainir le bilan, UniCredit dispose aujourd'hui d'un capital solide. Compte tenu du succès de Transform 2019, nous envisageons d'augmenter notre taux de distribution des bénéfices à 40% pour 2019, le double de l'objectif du plan initial, y compris une proposition de rachat d'actions de 10%" s'est félicité Jean-Pierre Mustier, le directeur général du groupe bancaire depuis juillet 2016.

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[Crédit : UniCredit]

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"Pas de M&A"

La réaction des investisseurs est modérément positive. L'action UniCredit gagne 0,7% à la mi-journée. Elle capitalise 27 milliards d'euros, contre 24 milliards pour Société Générale.

La banque italienne souffre, comme ses concurrentes européennes, des taux bas qui pèsent sur les revenus. UniCredit vise un produit net bancaire en hausse de 0,8% par an en moyenne sur la période 2018-2023, tablant sur des hypothèses de taux plus basses que le consensus des analystes.

Pour faire des économies, UniCredit va lancer un programme de "banque sans papier" en Italie mi-2020 puis dans ses filiales en Allemagne et Autriche en 2023 et dans les pays d'Europe de l'Est. Elle veut renforcer l'accent mis sur les services aux PME.

Après des rumeurs récurrentes de fusion, avec Société Générale (son ancien employeur) ou Commerzbank, Jean-Pierre Mustier a écarté la croissance externe. A une question sur d'éventuelles acquisitions, le patron français a répondu "pas de M&A et c'est tout".