Cyrus Vance, le procureur américain qui tient le sort de la BNP entre ses mains

Par latribune.fr  |   |  524  mots
Cyrus Vance a déjà fait gagner à la ville de New York des centaines de millions de dollars grâce aux négociations clôturant les poursuites engagées dans le cadre d'"infractions économiques majeures". (Photo: Reuters)
Le procureur fédéral de l'État de New York est parmi ceux qui décideront du destin de BNP Paribas, soupçonnée de transactions avec des pays placés sous embargo américain et menacée d'une amende record aux États-Unis. Portrait.

Le sort de BNP Paribas est désormais aussi entre ses mains. Procureur fédéral de l'État de New York, Cyrus Roberts Vance fait partie de ceux qui décideront des suites à donner à l'enquête contre la banque française, initiée par le régulateur bancaire du comté de New York, Benjamin Lawski.

Aux commandes dans l'affaire DSK

L'homme était déjà connu en France pour avoir été aux commandes dans l'affaire DSK avant que Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, ne s'empresse de le rencontrer la semaine dernière à New York pour plaider la cause de BNP, selon le New York Times.

Initiateur de la création d'une unité spécifiquement chargée d'enquêter sur les "infractions économiques majeures", il a déjà fait gagner à la ville de New York des centaines de millions de dollars grâce aux négociations clôturant les poursuites engagées dans ce domaine.

Fils d'un juriste éminent

Né en 1954 dans la ville où il officie aujourd'hui, le procureur a la politique et le droit dans le sang. Son père, Cyrus Roberts Vance Sr., était non seulement avocat, mais a participé à plusieurs gouvernements américains, sous la présidence de John Kennedy, de Lyndon Johnson et ensuite de Jimmy Carter, qui le nomme Secrétaire d'État des États-Unis de 1977 à 1980.

Dès son plus jeune âge, Cyrus Jr. fréquente ainsi les cercles du pouvoir et milite très tôt dans les rangs du parti démocrate.

Défenseur des femmes

Après s'être diplômé à Yale, "Cy", un surnom donné par ses proches collaborateurs, obtient en 1982 un doctorat à l'Université de Georgetown, qui lui permet de travailler comme assistant du procureur de l'État de New York, Robert Morris Morgenthau.

Mais, en 1989 il met sa carrière de procureur entre parenthèses pour s'installer à Seattle, où il ouvre son cabinet d'avocat. Il parvient à se faire connaître notamment en 1995, lorsqu'il défend 29.000 salariées de Boeing, qui accusent leur employeur de discrimination sexuelle. Il arrive à obtenir 72,5 millions de dollars de compensation, se forgeant ainsi une réputation de "défenseur des femmes".

"Victime collatérale" de l'affaire DSK

En 2005, Cyrus Vance revient sur la côte Est, pour rejoindre en tant qu'associé un autre cabinet d'avocats. Là, en 2009, il est plébiscité (91% des voix) procureur de l'État de New York pour le Parti démocrate, succédant ainsi à son ancien patron, Robert M. Morgenthau, qui l'avait soutenu lors de l'élection.

C'est sous cette casquette qu'en 2011 Cyrus Vance se retrouve chargé de l'affaire Strauss-Kahn. Il lui incombe de prouver la culpabilité de celui qui est alors président du FMI. Une responsabilité qui se solde en échec.

Accusé de vouloir profiter de la couverture médiatique de l'affaire lorsqu'il décide, un peu trop vite selon certains, de poursuivre l'ancien patron du FMI, il est blâmé par le défenseurs des droits des femmes lorsque, doutant de la crédibilité de la plaignante, Nafissatou Diallo, il demande au juge d'abandonner toutes les charges. Pas de quoi toutefois empêcher sa réélection en 2013, avec 85% des voix.