Pourquoi les Français ont-ils autant épargné en début d'année ?

Par Jean-Yves Paillé  |   |  412  mots
Depuis le début de l'année, les placements en assurance vie "gagnent 2 milliards d'euros par mois", selon Philippe Crevel.
Le taux d'épargne des Français n'avait pas été aussi élevé depuis le premier trimestre 2011. Les économies pour payer l'impôt sur le revenu, le contexte anxiogène et le succès de l'assurance-vie expliquent ces comportements, selon Philippe Crevel, spécialiste des questions relatives à l’épargne.

Les baisses successives du taux d'intérêt du livret A depuis presque deux ans n'ont pas douché les épargnants français. Leur taux d'épargne atteint 15,9% au premier trimestre 2014.

Il est le plus haut enregistré depuis trois ans, selon l'animateur du Cercle de l'épargne Philippe Crevel. Ce dernier explique que les Français ont choisi de conserver dans leur épargne les produits financiers, les intérêts de leurs placements et les dividendes perçus au début de l'année. Explications.

  •  Le succès de l'assurance-vie

L'économiste a constaté une "décollecte du livret A" pendant le premier semestre 2014. Pour le mois de juin, ce compte d'épargne a connu une décrue de 0,05 milliard d'euros, alors qu'en juin 2013 il engrangeait 0,49 milliard d'euros de plus, selon la Caisse des dépôts.

Cela n'a pourtant pas boosté la consommation des ménages, qui est restée "modérée" souligne l'économiste. En baisse au premier trimestre, elle a augmenté à la fin du semestre.

Au contraire, l'assurance vie en a profité: elle connaît "une collecte positive en nette reprise". Depuis le début de l'année, les placements en assurance-vie "gagnent 2 milliards d'euros par mois", selon le spécialiste de l'épargne.

  • Un climat anxiogène

Les épargnants se sont montrés prudents à cause d'un "contexte économique incertain", note Philippe Crevel. Autre conséquence, plus étonnante, de ce "climat anxiogène", selon l'économiste: les Français ont placé 13 milliards d'euros de plus sur leurs comptes-courants au premier semestre 2014, soit autant que l'augmentation sur l'ensemble de l'année 2013.

À propos de cette épargne par défaut, quoique non rémunératrice, Philippe Crevel ajoute par ailleurs une autre explication: "C'est également de l'argent qu'on ne sait pas toujours épargner".

  • Les dépenses "socles" en immobilier

Le remboursement du capital des emprunts immobiliers, qui fait égalerment partie de l'épargne, constitue un "socle". Il atteint 9% au premier semestre, soit les deux tiers de l'épargne. Plutôt stable, ces remboursements sont en légère hausse au premier trimestre car "les prix dans l'immobilier ont augmenté jusqu'au début de l'année", explique Philippe Crevel.

  • Économies en vue des impôts

Le rituel des impôts sur le revenu a créé un cycle annuel. "Un certain nombre de contribuables sont encore en tiers provisionnel en février, mai et septembre. Ils épargnent donc pour payer l'impôt sur le revenu durant le premier semestre, et se relâchent un peu au second semestre."