Banques italiennes : un sauvetage concerté en vue, pour éviter la faillite

Par Delphine Cuny  |   |  471  mots
Intesa et UniCredit seraient prêtes à venir à la rescousse des deux banques vénitiennes au bord du gouffre dont la liquidation.
Intesa et UniCredit seraient prêtes à venir à la rescousse des deux banques vénitiennes au bord du gouffre dont la liquidation coûterait 11 milliards d’euros. Les autorités européennes veulent limiter l'injection de fonds publics et favoriser une solution à la Banco Popular.

A peine refermé le dossier Banco Popular, la banque sauvée de la faillite par sa compatriote Santander (pour un euro symbolique) dans une opération orchestrée par les autorités européennes, s'ouvre un autre feu dans le secteur bancaire de la zone euro. Deux petites banques de la région de Venise censées fusionner, Veneto Banca et Banca Popolare di Vicenza, ont un besoin urgent d'être recapitalisées : elles ont sollicité en mars une aide publique de 6,4 milliards d'euros pour combler leur manque de fonds propres. La banque toscane Monte dei Paschi, bien plus importante (c'est la quatrième du pays), vient d'obtenir l'accord de principe de Bruxelles d'une telle « recapitalisation préventive » de l'Etat italien.

Or la Commission européenne est de plus en plus regardante sur les plans de sauvetage reposant sur des fonds publics et voudrait une solution à la Banco Popular, première mise en œuvre réussie du « mécanisme de résolution unique », en vigueur depuis janvier 2016, pour organiser de façon ordonnée la faillite d'établissements en difficulté en neutralisant les effets de contagion.

Dans le cas des deux banques vénitiennes, Bruxelles exige une injection préalable de capitaux privés, de 1,2 milliard d'euros avant tout recours à l'argent des contribuables italiens.

Une faillite coûterait 11 milliards d'euros minimum

Les grandes banques italiennes sont donc appelées à la rescousse, notamment les deux plus solides, Intesa Sanpaolo et UniCredit. Selon La Repubblica, Intesa serait d'accord, à condition qu'elle ne soit pas la seule à mettre la main au portefeuille. UniCredit, dirigée par le Français Jean-Pierre Mustier, serait « activement impliqué » dans le sauvetage et aurait eu des discussions avec le gouvernement italien, selon Reuters. Le scénario circule d'un renflouement de Veneto Banca par Intesa et celui de Popolare Vicenza par UniCredit.

En cas de faillite non ordonnée des deux banques vénitiennes, dont les dépôts sur les comptes courants et à terme des clients s'élèveraient à 24 milliards d'euros, l'ensemble des banques italiennes seraient obligées d'abonder le fonds de protection des déposants à hauteur de 11 milliards d'euros, selon des sources proches du dossier citées par Reuters.

Il y a un an, Veneto Banca avait dû annuler son projet d'introduction en Bourse, faute d'intérêt des investisseurs. Elle avait été sauvée par le fonds de sauvetage Atlante, tout comme Popolare di Vicenza avant elle. Atlante a déjà investi 3,4 milliards d'euros dans les deux banques et ne dispose plus que de 50 millions d'euros en réserve. Un fonds dérivé appelé Atlante II a accepté par principe d'investir 450 millions d'euros dans un programme de titrisation des créances douteuses des deux établissements.

Ce jeudi, les titres Intesa et UniCredit ont ouvert en baisse à la Bourse de Milan avant de se redresser (+0,55% et +1,55% respectivement vers 15h).