Brexit : HSBC délocalisera 1.000 emplois à Paris

Par Delphine Cuny  |   |  510  mots
Stuart Gulliver, le directeur général de HSBC, a indiqué clairement que "pour nous c'est la France" du fait de son implantation de longue date depuis le rachat du Crédit commercial de France.
A Davos, le patron de la banque britannique a estimé qu'environ 20% de son activité de trading devrait quitter Londres. Le choix de la France s'impose : HSBC y a racheté le CCF et possède donc un agrément de banque de plein exercice.

Le Brexit est l'un des sujets brûlants au cœur des préoccupations des grands de ce monde réunis au World Economic Forum (WEF) dans la station suisse huppée de Davos. Les grandes banques de la City ont dû se résoudre à l'idée de perdre le "passeport européen" qui leur donne accès au marché unique dans la perspective confirmée mardi par Theresa May d'un "hard Brexit". Le directeur général de la banque britannique HSBC, Stuart Gulliver, est particulièrement concerné et il a indiqué mercredi clairement qu'un choix s'impose pour son entreprise : une délocalisation d'une partie des emplois du Royaume-Uni vers la France, du fait de sa présence historique et des agréments nécessaires.

« Les activités précisément couvertes par la législation européenne vont déménager, et cela représente 20% de notre chiffre d'affaires », a-t-il déclaré au cours d'une interview à Bloomberg TV, précisant qu'il s'agit des activités de marchés et de banque d'investissement réalisées à Londres.

[Passage sur la France à la 3eme minute de l'interview à Bloomberg TV]

Stuart Gulliver a précisé que les activités sur les marchés des changes, obligataires et actions ne devraient pas être touchées. Et il a confirmé l'estimation en termes d'emplois concernés qu'il avait évoquée il y a quelques mois :

« J'ai dit publiquement, il y a un moment déjà, qu'il y aurait un millier d'emplois qui sont couverts par la législation européenne et qui, dans le cadre de l'accès au marché unique, devraient probablement aller en France dans notre cas. [...]

Nous avons acheté le Crédit Commercial de France (CCF) en 2002, donc nous avons une banque universelle de plein exercice en France. Donc pour nous, c'est la France. »

Pro-Macron ou Fillon

Il a ajouté qu'il n'y avait « pas de nécessité pour nous de le faire dans l'immédiat ». HSBC France emploie 9.500 personnes, au siège avenue des Champs-Elysées, à La Défense et dans son réseau de 320 points de vente, et a généré 2,3 milliards d'euros de produit net bancaire en 2015. La première banque européenne dispose des licences nécessaires pour une telle relocalisation: il lui suffirait de créer une holding intermédiaire en France, ce qui ne prendrait que quelques mois.

C'est pour l'instant la seule grande banque implantée au Royaume-Uni ayant choisi la France dans le contexte post-Brexit. Les grandes banques américaines, Citigroup, JPMorgan, évaluent encore leurs options mais ont les yeux rivés sur Dublin.

Le géant bancaire très présent en Asie n'a pas l'intention de déplacer son siège mondial qui se trouve à Londres.

Interrogé sur l'éventualité d'une victoire de de Marine Le Pen à l'élection présidentielle en France, il a répondu (à la 15eme minute) : « nous répondrions à cette question seulement si cela arrivait », mais la banque verrait de façon « entièrement positive » aussi bien une victoire de François Fillon ou d'Emmanuel Macron.