Crédit Agricole prêt à sortir d’Arabie saoudite

Par Delphine Cuny  |   |  482  mots
Cinquième banque saoudienne en termes d'actifs, la Banque Saudi Fransi est active dans la banque de détail et privée, de financement et d'investissement et la finance islamique. Crédit Agricole en est actionnaire depuis 1996.
Le groupe mutualiste ne commente pas la rumeur de vente de ses 31% dans Banque Saudi Fransi, la cinquième banque saoudienne, héritée d’Indosuez. Il pourrait en récupérer 2,2 milliards d’euros.

Le groupe Crédit Agricole envisagerait de céder sa participation de 31,1% dans Banque Saudi Fransi, selon l'agence Bloomberg, qui avance un prix de vente pouvant atteindre 2,4 milliards de dollars, soit 2,2 milliards d'euros. Le groupe bancaire mutualiste ne fait aucun commentaire mais l'agence Reuters croit savoir de son côté qu'il a mandaté JPMorgan en vue de trouver des acquéreurs.

Cette participation historique est dans le giron du Crédit Agricole depuis 1996 : il en a hérité au rachat d'Indosuez, qui avait participé à la création de cette banque franco-saoudienne en 1977 par décret royal. L'essentiel du capital est aujourd'hui encore aux mains d'intérêts saoudiens (69,9%).

Actif hautement rentable

Cinquième banque saoudienne en termes d'actifs (plus de 50 milliards d'euros), la Banque Saudi Fransi est un établissement solide (7,5 milliards d'euros de fonds propres) et très prospère : elle a réalisé un produit net bancaire de 1,54 milliard d'euros et un bénéfice net de 845 millions d'euros en 2016, selon les chiffres convertis dans les résultats annuels du groupe Crédit Agricole. Soit un taux de marge nette ahurissant de 54%. Sa valeur dans les comptes du groupe est de 2,3 milliards d'euros. C'est la plus grosse participation mise en équivalence de CASA.

Dirigée par le Français Patrice Couvègnes, la Banque Saudi Fransi, qui emploie près de 3.000 personnes, est active dans la banque de détail et la banque privée, au travers de 83 agences et 18 bureaux réservés à la clientèle féminine, mais surtout la banque de financement et d'investissement et la finance islamique. Cette participation est d'ailleurs détenue par CA CIB, la branche de corporate banking du Crédit Agricole, et non dans la banque de proximité à l'international où sont logées ses activités en Egypte, au Maroc, en Ukraine et en Pologne.

Pourquoi vendre cet actif hautement rentable qui a contribué à hauteur de 211 millions d'euros au bénéfice net du groupe en 2016 et de 46 millions en termes de dividende ? D'une part, les résultats de Banque Saudi Fransi sont en baisse. D'autre part, la présence dans la région moyen-orientale n'est pas à proprement parler stratégique, en comparaison avec l'Italie, le deuxième grand marché de Crédit Agricole. D'autres grandes banques européennes se sont retirées de la région: fin 2012, la Société Générale a vendu sa filiale égyptienne à la Qatar National Bank pour 1,9 milliard de dollars en 2012 et BNP Paribas la sienne à Emirates NBD de Dubai pour 500 millions.

La Banque verte a par ailleurs prévu de participer à l'augmentation de capital de 1,4 milliard d'euros que va lancer au premier trimestre Amundi, sa filiale de gestion d'actifs, pour financer l'acquisition à 3,5 milliards de l'italien Pioneer Investments. Le produit de la vente de Banque Saudi Fransi excédera largement sa quote-part pour rester actionnaire à 70% d'Amundi. De quoi renforcer ses moyens pour saisir d'autres opportunités ?