Deutsche Bank : une restructuration estimée à 5 milliards d'euros

Par Delphine Cuny  |   |  466  mots
Le directeur général de Deutsche Bank Christian Sewing à la Conférence dbAccess le 5 juin dernier à Berlin. (Crédits : DB)
La banque allemande doit entériner ce week-end un plan de réorganisation de grande ampleur qui pourrait porter sur 15.000 à 20.000 suppressions d'emplois et dont le coût pourrait atteindre 5 milliards d'euros, selon le Financial Times.

[Article mis à jour le 5/7 à 16h20]

Ce dimanche 7 juillet, le conseil de surveillance de Deutsche Bank doit se réunir pour examiner une réorganisation de grande ampleur. Ce plan prévoirait la suppression de 15.000 à 20.000 postes, plus d'un cinquième des effectifs de la première allemande, essentiellement dans les activités de banque de financement et d'investissement (BFI). Son coût pourrait atteindre 5 milliards d'euros, selon des sources citées par le Financial Times. Conséquence : l'année 2019 devrait se solder par une perte nette, après être sorti du rouge en 2018, pour la première fois depuis 2014.

Le 23 mai dernier, lors de l'assemblée générale des actionnaires, le directeur général de Deutsche Bank Christian Sewing avait annoncé le principe d'une vaste restructuration, après l'échec des négociations de fusion avec Commerzbank, prévenant qu'il procéderait à des "réductions drastiques" dans la banque d'investissement. Le 5 juin, lors d'une conférence à Berlin, il avait martelé :

"Nous sommes absolument déterminés à intensifier et accélérer la refonte de notre banque. Nous sommes sur la bonne voie" .

L'action Deutsche Bank a chuté à un nouveau plus bas historique en juin, à 5,80 euros, mais s'est légèrement redressée depuis. Elle a perdu plus de 25% de sa valeur en un an. La première banque allemande ne capitalise plus que 14,3 milliards d'euros, moins que Société Générale (19,2 milliards d'euros) et que l'entreprise de paiement allemande Wirecard (18,8 milliards) ou la Fintech néerlandaise Adyen (19,4 milliards).

Vendredi 5 juillet, Deutsche Bank a annoncé le départ, "d'un commun accord", du patron de sa division de banque d'investissement, Garth Ritchie, le 31 juillet prochain, après 23 ans de bons et loyaux services.

L'Allemagne peu touchée

Les suppressions d'emplois ne toucheront pas ou peu l'Allemagne, les économies étant concentrées sur la BFI, qui représente encore environ la moitié du produit net bancaire de Deutsche Bank. Mais le géant allemand fragilisé depuis la crise financière de 2007-2008 n'a plus les moyens de rivaliser avec les ténors de Wall Street, Goldman Sachs, JP Morgan Chase, Morgan Stanley.

"Nous savons que vous avez hérité de problèmes difficiles et nous sommes impressionnés par la manière très simple avec laquelle vous avez résolu ces problèmes" avait déclaré en juin le ministre de l'Économie et de l'Énergie Peter Altmaier, invité à la conférence dbAccess à Berlin. "Nous sommes fiers de Deutsche Bank. Cela fait partie de notre patrimoine national."

Parmi les mesures de réorganisation envisagées, la création d'une structure de défaisance ("bad bank") pour y transférer des dizaines de milliards d'actifs non-stratégiques, notamment des dérivés à échéance longue.

Deutsche Bank publiera ses résultats du premier semestre le 24 juillet.