Épargne : le temps de la sécurité rémunératrice est révolu, selon l’Afer

Par Juliette Raynal  |   |  610  mots
Gérard Bekerman, le président de l'Afer, entouré de Benjamin Griveaux, député de Paris, à droite et de Camille Morvan, cofondatrice de la startup Goshaba, à gauche. (Crédits : @BGriveaux)
A l'occasion des Assises de l'Afer, principale association d'épargnants en France, son président Gérard Bekerman a encouragé les adhérents présents à se tourner vers d'autres produits que le fonds euros.

"Il faut que nous changions de paradigme, pas par la contrainte mais dans le respect de la liberté des épargnants. Il faut faire preuve de pédagogie et expliquer que la sécurité ne rémunère plus, qu'il faut s'ouvrir". Voici le message qu'a souhaité faire passer Gérard Bekerman, le président de l'Association française d'épargne et de retraite (Afer) à ses adhérents. 2.000 d'entre eux, sur quelque 300.000 au total, étaient réunis lundi 28 octobre au théâtre du Châtelet, à l'occasion des Assises de l'épargne et de la fiscalité.

Le rassemblement a débuté dans une atmosphère timide. Et pour cause : depuis quelques semaines le débat autour de l'avenir du fonds euros, produit phare des contrats d'assurance vie qui associe garantie du capital et rendements satisfaisants, prend de plus en plus d'ampleur. En effet, dans un contexte de taux bas, la rentabilité des assureurs est mise à rude épreuve.

Une transition douce mais nécessaire

Certaines compagnies d'assurance ont ainsi annoncé qu'elles prévoyaient de durcir les conditions d'entrée dans les fonds obligataires à capital garanti pour inciter les épargnants à privilégier les placements en unités de compte qui peuvent être investis en actions. Les adhérents de l'Afer, dont l'épargne sous gestion représente environ 56 milliards d'euros, ne sont pas exemptés puisque l'assureur Aviva, leur principal partenaire, fait partie des groupes d'assurance souhaitant mettre des barrières à l'entrée de ces produits.

"Aujourd'hui, les fonds euros présentent des rendements positifs grâce aux rendements élevés des placements passés. Mais les assureurs vont devoir conduire une transition. La transformation du fonds euros ne doit être ni trop brutale, ni trop rapide. Mais un épargnant qui cherche davantage de rentabilité doit accepter d'avoir moins de garanties ou d'investir à plus long terme" a fait valoir Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie, invitée à ce grand raout.

Aux institutions financières de communiquer

"Il y a un travail de pédagogie et d'explication à faire", a-t-elle abondé, soulignant que les supports plus risqués à court terme présentaient aussi un couple rendement/risque qui peut être favorable à "l'épargnant patient".

Le gouvernement ne prévoit toutefois pas de campagne de communication spécifique pour pousser les nouveaux produits d'épargne, notamment le PER et le fonds euro croissance modernisé, qui doivent aussi permettre un meilleur financement de l'économie réelle. "Ce sont aux acteurs de la place de Paris de les financer [les campagnes de communication, ndlr]. Ce sont aux institutions financières, établies ou du monde des Fintech, de pousser une offre intelligente vers les épargnants", a argué la secrétaire d'Etat.

Abandonner les chevaux pour les voitures

Pour convaincre son audience que le temps de la garantie associée à des rendements élevés était révolu, Gérard Bekerman a usé d'une métaphore, évoquant les mémoires d'Henry Ford : "Lorsqu'il rencontre des cowboys et qu'il leurs propose de se déplacer en voiture, ces derniers sont réfractaires, réticents. Ils n'ont pas de vision".

"Pendant très longtemps, le modèle a été celui de la garantie et de la sécurité mais je crois que nous sommes à la veille d'un grand changement. J'aime bien garder les pieds sur terre, mais j'aime mieux avoir les yeux vers le ciel : nous ne pouvons pas construire l'avenir avec les recettes du passé, même si ces recettes ont été bonnes. Notre devoir est de trouver des solutions. Nous ne pouvons pas dormir sur nos lauriers, sinon nous allons nous appauvrir. Il faut tenir un discours de vérité et de responsabilité" a-t-il conclu.