Les sociétés de gestion dans l'oeil du cyclone

Les banques ne son pas les seules à pâtir des futures règles de Bâle III. Au grand dam des sociétés de gestion qui s'inquiètent pour leur avenir.
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La gestion collective française s?apprête à connaître des jours difficiles. En 2011, déjà, cette industrie a pâti de la crise de la dette en zone euro mais aussi des changements de réglementation imposés aux investisseurs institutionnels, notamment les banques incitées avec Bâle III à réorienter les ménages vers les produits d'épargne bancaire.

Selon les chiffres de l'Association française de la gestion financière (AFG), les encours globaux sous gestion ont reculé l'an dernier de 4,1% en France, à 2.636 milliards d'euros, la croissance de 1,9% des actifs gérés sous mandat ne parvenant pas à endiguer le recul de 10,4% des OPCVM de droit français. La chute des marchés financiers l'an dernier, et plus particulièrement durant l'été, a affecté pratiquement l'ensemble des catégories de fonds puisqu'à l'exception des fonds monétaires, l'effet de marché (-50,9 milliards d'euros au total) a touché toutes les autres catégories. Les fonds actions ont été les plus pénalisés, avec une baisse de leurs encours de 34,4 milliards d'euros liée aux marchés alors que l'indice Stoxx 600 a perdu près de 15% entre fin juillet et fin septembre.

"La perte du statut d'actif sans risque des emprunts d'Etat et les désaccords au sein de l'Union européenne sur les moyens à mettre en oeuvre pour endiguer la crise de la dette, ont un peu plus plongé les marchés dans l'incertitude et détourné les investisseurs des OPCVM de long terme", souligne dans une étude Alexandre Cassan, chargé d'études OPCVM chez EuroPerformance.

La décollecte nette s'est élevée à 91,3 milliards d'euros en 2011, selon les chiffres de l'AFG, qui note en revanche une décélération des sorties nettes dans les fonds monétaires domiciliés en France (-50 milliards d'euros, contre -88,2 milliards en 2010).

"Et puis il y a la forte concurrence des produits de bilan bancaire, qui ont été en croissance l'an dernier", a souligné mercredi Pierre Bollon, délégué général de l'AFG, lors d'une conférence, les grands réseaux de la banque et de l'assurance constituant des canaux relativement importants dans la distribution des produits et services de la gestion collective.

Selon Pierre Bollon, qui citait les chiffres de bilans bancaires, les comptes sur livret ont augmenté de 30 milliards d'euros, les dépôts à terme de moins de deux ans de 26 milliards et les dépôts à terme de plus de deux ans de 93 milliards. "La réduction attendue des déficits publics pourrait être contrariée par le ralentissement de la croissance européenne, voire son entrée en récession. Autant d'incertitudes continueront d'impacter la gestion d'actifs déjà mise à mal en 2011", prévient Alexandre Cassan.

La France n'est pas la seule à avoir souffert l'an dernier, l'exercice 2011 se révélant difficile pour pratiquement l'ensemble des gestions européennes. "A part l'Irlande, qui a un succès avec les fonds monétaires à valeur constante, pour tous les autres pays l'année 2011 n'est pas une bonne année", a commenté Pierre Bollon.

En considérant les marchés où la gestion financière des fonds d'investissement est réalisée, la France conserve sa place de numéro un européen avec une part de marché de 20,1%, devant l'Allemagne (19,2%) et le Royaume-Uni (17,1%), relève l'AFG. En termes de domiciliation, le Luxembourg reste en tête du classement, avec une part de marché de 26,5%, suivie par la France (18,1%) et l'Allemagne (14,4%), note l'association.

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