L'AMF veut remettre la Bourse au service des entreprises

Par Christine Lejoux  |   |  600  mots
L'AMF a accru sa sévérité, l'an dernier, en infligeant 18 millions d'euros d'amendes, au total, contre 7 millions en 2011. Copyright Reuters
L'Autorité des marchés financiers (AMF) a présenté jeudi sa stratégie pour les trois prochaines années. Son président, Gérard Rameix, se dit préoccupé par la faible contribution de la Bourse au financement des entreprises.

Remettre les marchés financiers au service du financement de l'économie. Telle est la mission que s'est fixée l'AMF (Autorité des marchés financiers), jeudi, lors de la présentation de sa stratégie pour les trois prochaines années. « Ma principale préoccupation concerne la contribution de la Bourse au financement des entreprises, qui demeure faible », a déclaré Gérard Rameix, le président de l'AMF. Les chiffres sont éloquents : l'an dernier, les fonds levés sur les marchés actions, en France, n'ont pas excédé 2,6 milliards d'euros. Même le capital-investissement, malgré l'assèchement de ses ressources, s'est montré plus généreux que la Bourse, avec 6,1 milliards d'euros injectés dans des entreprises, en 2012.

La faible prodigalité de la Bourse est d'autant plus inquiétante que « le mode de financement de l'Europe Continentale, qui reposait jusqu'à présent fortement sur le crédit bancaire, va devoir évoluer », a rappelé Gérard Rameix. De fait, la future réglementation dite de Bâle III, qui exigera des banques de détenir davantage de fonds propres en face d'engagements jugés particulièrement risqués, va diminuer leur propension à accorder des crédits. Les entreprises n'auront d'autre alternative que de se tourner vers les marchés financiers. D'où la nécessité de « redynamiser » ces derniers, a insisté Gérard Rameix.

Mieux réguler les conseillers en investissement financier

Et, pour redynamiser la Bourse, il n'y a pas 36 solutions. « Il faut redonner confiance aux épargnants », a martelé le président de l'AMF. Pour tenter de rétablir cette relation de confiance, mise à mal par la crise financière de 2008, l'AMF va notamment engager une réflexion sur la profession de conseiller en investissement financier, « qui doit être mieux régulée », assène Gérard Rameix. Le gendarme de la Bourse appelle également de ses v?ux une réforme législative qui lui permettrait de réglementer davantage le régime des biens divers. « Dans l'environnement actuel de taux d'intérêt très bas, les épargnants risquent d'être séduits par des placements atypiques, dans le vin, les ?uvres d'art, présentés de la même façon que des produits financiers classiques, ce qui entretient à dessein un malentendu auprès des particuliers », s'agace Gérard Rameix.

En aval, l'AMF « poursuivra une répression active » des manquements des intermédiaires financiers à leurs obligations envers les épargnants. Une sévérité qui s'est déjà accrue l'an dernier : la Commission des sanctions de l'AMF a prononcé 54 sanctions pécuniaires, contre 43 en 2011, pour un montant total de 18 millions d'euros, au lieu de 7 millions l'année précédente.

« La titrisation, correctement régulée, ne doit pas être un gros mot »

Parallèlement, le gendarme de la Bourse « accompagnera » l'essor de nouvelles sources de financement, comme le crowdfunding. Ainsi, l'AMF formulera, « avant la fin juillet », des propositions d'encadrement des plates-formes de finance participative. Celles-ci - qui mettent en relation quasi directe, via Internet, des porteurs de projets en quête de financement avec des épargnants soucieux de faire fructifier leur bas de laine - représentent une source de financement prometteuse, mais leur cadre réglementaire demeure flou.

De la même façon, l'AMF « accompagnera le développement de formes sécurisées de titrisation », cette technique de financement très décriée après la crise de 2008, et qui consiste à transformer des actifs tels que des créances en titres négociables. « La titrisation, lorsqu'elle est correctement régulée, ne doit pas être un gros mot », estime Gérard Rameix.