L'agrégateur bancaire Linxo lève 20 millions d'euros

Par Delphine Cuny  |   |  729  mots
L'appli de la startup aixoise Linxo permet de visualiser tous ses comptes et de mieux gérer son argent. Les cofondateurs de la jeune pousse veulent en faire un "assistant financier augmenté" évitant aux utilisateurs d'être à découvert.
Le Crédit Agricole et le Crédit Mutuel Arkéa réinvestissent dans la startup de la Fintech aixoise et la Maif entre au capital. C'est la plus grosse levée de fonds du secteur depuis deux ans.

Changement de dimension : dix-huit mois après avoir levé 2 millions d'euros, la startup de la finance Linxo vient de boucler un tour de table 10 fois plus important. Le Crédit Mutuel Arkéa, qui avait investi 530.000 euros dans la jeune pousse aixoise dès 2012, ainsi que le Crédit Agricole, qui l'avait rejoint lors de la précédente levée, se réengagent tandis que la Maif entre au capital. Investisseur actif dans les startups françaises, l'assureur mutualiste propose déjà sous marque blanche (sous le nom de Nestor) l'agrégateur de comptes conçu par Linxo et son directeur général avait déclaré dans nos colonnes qu'il envisageait une prise de participation.

Sur smartphone ou sur ordinateur, l'application gratuite de Linxo permet de visualiser ses dépenses et tous ses comptes, même domiciliés chez plusieurs banques, et de mieux gérer son budget et son épargne. Les banques en ligne du Crédit Agricole (Bforbank) et d'Arkéa (Fortunéo) l'ont aussi intégré, tout comme HSBC dans son offre digitale.

« Plus de 1,4 million de personnes ont déjà installé et utilisé Linxo en France » affirme la startup.

Plus importante levée Fintech depuis deux ans

Cette levée de 20 millions d'euros est « la plus importante pour une Fintech française depuis deux ans » souligne Linxo - pour mémoire, depuis celle de 31 millions d'euros par la plateforme de prêts à la consommation participatifs Younited Credit (ex-Prêt d'Union) en juillet 2015.

« Nous sommes le seul acteur en France dans lequel plusieurs banques et assurances ont investi. Tout en nous donnant les moyens de rester indépendants, nos actionnaires démontrent l'intérêt des grandes banques et assurances pour des acteurs qui sont capables de faciliter leur transformation digitale et apporter des technologies à forte valeur ajoutée au plus grand nombre », fait valoir Bruno Van Haetsdaele, cofondateur et directeur général de Linxo.

Cet argent frais doit servir à financer le projet de Linxo de développer « un assistant financier augmenté » au-delà du simple tableau de bord pour « passer de l'information à l'action en quelques secondes. » Son concurrent Bankin', qui a levé 8,4 millions d'euros en janvier dernier, a déjà engagé sa mue de « coach financier » et propose à ses utilisateurs d'effectuer des virements (internes et externes).

« Aujourd'hui Linxo peut prédire un découvert à 30 jours sur tous vos comptes courants ; demain nous permettrons à l'utilisateur de le combler par anticipation et de lui assurer qu'il ne pourra pas tomber à découvert s'il y a de l'argent disponible. Nous pouvons appliquer cette logique à tout ce qui concerne votre argent et vos finances », indique le directeur général.

Déploiement en Europe

La startup, qui emploie 49 salariés, se voit aussi en « hub financier personnel » qui faciliterait la souscription à des services financiers fournis par des tiers (tels que du crédit conso ou immo, de l'assurance auto ou habitat, de l'assurance-vie). Elle veut profiter de l'entrée en vigueur en mai 2018 de la Directive sur les paiements (DSP2), qui oblige les banques européennes à ouvrir l'accès aux données des clients aux autres acteurs, pour se déployer à l'international : elle souhaite proposer plus largement sa solution en BtoB à d'autres partenaires bancaires, tout en conservant son application destinée au grand public.

« En offrant aux utilisateurs la possibilité de décider à qui et quand ils peuvent ré-exposer leurs données financières personnelles, l'ambition de Linxo est de redonner aux utilisateurs le pouvoir d'agir et décider sur leur argent directement dans le creux de leurs mains », plaide la startup.

Linxo espère développer tout un écosystème « ouvert et européen » autour de son agrégateur, qui n'est « qu'un des socles technologiques », et de ses interfaces de programmation ouvertes (API).

 « Nous pensons que dans 5 à 10 ans, vous n'utiliserez probablement pas plus de deux applications financières de référence au quotidien : ce sera soit celle de l'une de vos banques-assurances ou Linxo ou les deux, mais probablement pas plus », avance Bruno Van Haetsdaele.

Qui remportera la bataille de l'appli préférée, banques ou nouveaux acteurs ? Et le coach financier du futur sera-t-il une appli ou plutôt une voix ? Les géants du Web se posent en effet déjà en assistant intelligent multi-tâches des foyers, avec Google Home ou Alexa d'Amazon Echo, notamment pour gérer son argent.