L'Italie sème (de nouveau) le trouble sur les marchés et les banques

Par Delphine Cuny  |   |  516  mots
Matteo Salvini, le président du conseil italien, a déclaré ce vendredi que l'intérêt des Italiens passe avant les "bureaucrates" de l'Union européenne, après avoir présenté son objectif d'un déficit à 2,4% du PIB sur les trois ans à venir, trois fois plus que la trajectoire fixée par le précédent exécutif. (Crédits : Zoubeir Souissi)
La présentation par le gouvernement italien d'un objectif de déficit pour 2019 plus élevé qu'attendu, à 2,4% du PIB, a pesé sur les principales Bourses européennes. Les valeurs bancaires, italiennes mais pas seulement, ont été particulièrement touchées.

Rome fait de nouveau trembler les marchés européens. L'annonce par le gouvernement italien de coalition, jeudi soir, d'un objectif de déficit de 2,4% du PIB sur les trois ans à venir, trois plus fois plus important que ce qu'avait projeté le précédent exécutif, a jeté un coup de froid sur les Bourses du Vieux continent et en particulier les valeurs bancaires. En mai dernier, déjà, les résultats des élections italiennes avaient fait tanguer les banques européennes. Les investisseurs redoutent de nouvelles tensions sur la dette publique.

L'indice de la Bourse de Milan a reculé de 3,7%. Celui des banques italiennes a lâché plus de 7%. Ainsi Intesa Sanpaolo a chuté de plus de 8%, UniCredit de près de 7%. Elles ont entraîné dans leur sillage l'indice des banques de la zone euro (- 3,92%).

A la Bourse de Paris, Crédit Agricole, bien implanté en Italie, a inscrit la plus forte baisse du CAC 40 (-4,36%), suivi de BNP Paribas (-323%), également très présent avec sa banque BNL, puis de Société Générale (-2,8%), pourtant beaucoup moins exposée. Le CAC 40 a fini en repli de 0,85% à 5.493,49 points.

A la Bourse de Francfort, l'indice DAX a fini en baisse de 1,52%. Deutsche Bank a chuté de 3,76% et Commerzbank de 4,79%. A Madrid, l'Ibex 35 s'est replié de 1,45%, plombé par Bankia (-3,6%) et Banco Santander (-3,2%)

Exposition au risque italien

Dans un récent rapport, la Banque des règlements internationaux (BRI) s'était penchée sur la chute des valeurs bancaires européennes après les élections en Italie et sur l'exposition des banques européennes à l'Italie (dette souveraine et privée), et partant, sur le risque de contagion. Ce sont les banques italiennes, suivie des espagnoles, qui sont les plus exposées, juste avant les françaises.

[Les spreads des obligations d'Etat italiennes sont à la hausse. Les actions des banques dans les pays développés divergent. La chute des cours des banques européennes. Les créances des banques sur des résidents italiens, par pays. Crédits : BRI]

"Le canal direct de transmission pourrait passer par d'importantes pertes à la valeur de marché sur les avoirs en obligations d'État et autres actifs, ce qui affaiblirait le capital de base des banques. Parmi les canaux indirects potentiels, figurent des conditions de financement plus strictes, si les spreads de crédit augmentent pour les banques italiennes et les autres grandes banques de la zone euro", analysaient deux économistes de la BRI.

Regain de nervosité

Autre indicateur révélateur du regain de nervosité des investisseurs, la volatilité implicite de l'Euro Stoxx 50 a gagné plus de 12%, tandis que l'indice des valeurs vedettes européennes se repliait de 1,47%. De son côté, l'euro a reculé de 0,15% face au dollar, autour de 1,1621, après avoir perdu jusqu'à 0,5% dans la journée, souffrant également de la publication des chiffres de l'inflation dans la zone euro, en ralentissement.

Même la Bourse de Londres a cédé du terrain, le FTSE clôturant en repli de 0,47%, plombé par les bancaires (Barclays, HSBC, Lloyds Banking et RBS).