La Chine, un marché boursier devenant incontournable

Par Estelle Nguyen  |   |  605  mots
Le marché d'actions chinois est le deuxième dans le monde, derrière Wall Street, avec une capitalisation de 14.000 milliards de dollars (environ 12.000 milliards d'euros). (Crédits : BNP Paribas)
Malgré la dégringolade des principaux indices depuis le début de l'année, sur fond de guerre commerciale avec les États-Unis, les marchés financiers chinois sont "trop gros pour être ignorés" par les investisseurs, du fait de la vigueur de l'économie de l'Empire du Milieu, selon les experts de BNP Paribas.

Les Bourses chinoises ont perdu de l'ordre de 15% de leur valeur cette année et signent les plus mauvaises performances des places mondiales, sous l'effet notamment des mesures de guerre commerciale décidées par les États-Unis de Trump contre la Chine. Pour autant, ces marchés sont incontournables et même « trop gros pour être ignorés » selon les experts de BNP Paribas. Avec une capitalisation de 14.000 milliards de dollars (un peu plus de 12.000 milliards d'euros), le marché d'actions chinois est le deuxième au monde, derrière Wall Street, a souligné Jacqueline Rong, économiste spécialiste de la Chine et de Hong Kong chez BNP Paribas, même si les actions chinoises ne pèsent que 3,5% environ dans le principal indice actions mondial MSCI.

Quant au marché obligataire chinois, il est évalué à 12.000 milliards de dollars (soit un peu plus de 10.000 milliards d'euros), ce qui en fait le troisième au monde (derrière l'américain et le japonais). Actuellement, moins de 2% de ces titres sont détenus par des investisseurs étrangers, alors que la norme internationale serait d'environ 10%. Julien Kasparian, responsable BNP Paribas Securities Services Hong Kong, a estimé que la marge de pénétration des capitaux étrangers sur ces deux classes d'actifs reste « très forte ».

Accélération de l'accès au marché chinois

L'ouverture des marchés de l'Empire du Milieu s'est accélérée ces dernières années. En 2017 notamment, Pékin avait ouvert aux investisseurs internationaux son vaste marché obligatoire via le mécanisme « Bond Connect » avec Hong Kong. Déterminée à ouvrir davantage son marché des capitaux aux étrangers, la Chine a aussi vu la présence des investisseurs se renforcer également en juin dernier après l'inclusion dans les indices mondiaux MSCI des actions chinoises de catégorie A (A-Shares, celles des entreprises de Chine continentale).

« L'accélération significative de l'accès au marché chinois va se poursuivre, de même que pour le marché obligataire, avec l'inclusion en avril 2019 des obligations chinoises dans l'indice Bloomberg Barclays Global Bond », a affirmé Julien Kasparian.

En mars dernier, le fournisseur d'informations financières américain avait en effet annoncé que son indice Bloomberg Barclays Global Aggregate Bond allait accueillir les emprunts d'Etat libellés en yuan une fois que la Banque centrale chinoise et le ministère des Finances auraient fait les démarches nécessaires. Cette intégration sera lissée sur 20 mois, à partir d'avril 2019. En outre, vers la fin de l'année, Pékin prévoit de lancer prochainement une plateforme boursière connectant directement Shanghai et Londres.

La croissance chinoise sous pression

Selon Jacqueline Rong, les autorités chinoises restent déterminées à poursuivre leurs efforts sur l'ouverture de leurs marchés, reconnaissant toutefois que le pays traverse une passe difficile en raison du conflit commercial avec les États-Unis. Le Fonds monétaire international (FMI) a abaissé, ce mardi 9 octobre, sa prévision de croissance pour la Chine en 2019, en raison des tensions commerciales, à 6,2% après 6,6% attendu cette année (après une hausse du PIB de 6,9% en 2017).

« Les tensions commerciales mettent sous pression la croissance chinoise. Mais elle était déjà sur une tendance baissière pour des raisons cycliques et structurelles », a précisé Jacqueline Rong, qui estime que « la Chine a toujours le potentiel d'avoir un avenir économique prometteur ».

Le leader mondial de la gestion d'actifs, BlackRock, avait publié il y a quelques mois une étude allant dans le même sens, estimant déjà que « la Chine est trop grosse pour être ignorée » et ses marchés financiers une opportunité encore inexploitée par les investisseurs.