Bourse : la Chine élargit l'accès aux particuliers étrangers

Le régulateur boursier chinois annonce qu’il autorisera dès le 15 septembre prochain les particuliers étrangers travaillant en Chine à acheter et vendre des « actions de type A », libellées en yuans, jusqu'alors réservées aux investisseurs étrangers institutionnels agréés.
Estelle Nguyen
La Chine a approuvé des amendements à des règlements, autorisant les investisseurs étrangers particuliers à ouvrir des comptes titres pour effectuer des transactions sur des actions de type A le 15 septembre prochain.
La Chine a approuvé des amendements à des règlements, autorisant les investisseurs étrangers particuliers à ouvrir des comptes titres pour effectuer des transactions sur des "actions de type A" le 15 septembre prochain. (Crédits : Aly Song)

C'est un nouveau pas franchi par la Chine dans le cadre de son processus d'ouverture économique et financière. La Commission chinoise de réglementation des valeurs mobilières (CSRC, pour China Securities Regulatory Commission) a publié un communiqué mercredi 15 août, dans lequel elle déclare permettre prochainement aux investisseurs étrangers, travaillant dans la partie continentale de la Chine, d'ouvrir des comptes titres pour négocier des « actions de type A ». La Chine a, en effet, approuvé les amendements qui concernent ces nouvelles règles. Son autorité de régulation avait déjà préparé le terrain la semaine dernière, en annonçant une série de mesures pour renforcer l'ouverture du marché des capitaux.

Ces nouvelles mesures permettront « d'approfondir l'ouverture du marché des capitaux, de diversifier les sources d'investissement, d'élargir les canaux d'accès au capital et d'optimiser la structure du marché des capitaux », a expliqué la CSRC dans un communiqué publié mercredi 15 août.

La commission a précisé que cette mesure entrerait en vigueur le 15 septembre 2018 et s'appliquerait également aux employés étrangers de sociétés cotées en Chine, qui travaillent pour ces entreprises hors du pays. Jusqu'ici, l'accès à la Bourse pour les étrangers se faisait principalement par le biais d'« actions de type B » (qui couvrent moins d'entreprises que les « actions de type A »), libellées en devises étrangères et destinées aux investisseurs internationaux. Seuls les investisseurs institutionnels étrangers habilités étaient autorisés à acheter et vendre des « actions de type A ».

Une plateforme boursière pour connecter Shanghai et Londres

Les particuliers étrangers devront néanmoins réunir quelques conditions pour pouvoir négocier des « actions de type A ». Le régulateur boursier chinois précise, en effet, qu'ils doivent venir de pays ou régions ayant établi des mécanismes de coopération réglementaire avec la commission. Pour demander à ouvrir un « compte titres A », les investisseurs étrangers devront fournir des documents tels qu'un passeport (ou une copie de ce dernier), ainsi qu'une attestation de travail délivrée par une institution nationale. Selon le communiqué de la CSRC, ce seront plus de 900.000 travailleurs étrangers basés en Chine qui seront ainsi autorisés à effectuer des transactions sur ce type d'action le mois prochain.

Ces dernières années, la Chine avait déjà exprimé son désir d'ouverture pour ses marchés. Le pays avait notamment lancé en 2014 et 2016 deux plateformes connectant les Bourses de Shanghai et Shenzhen à celle de Hong Kong. Ainsi, via l'ex-colonie britannique, les investisseurs étrangers pouvaient échanger plus facilement des actions en yuans émises en Chine continentale. Par ailleurs, Pékin ambitionne de lancer prochainement une plateforme boursière similaire connectant Shanghai et Londres.

Le marché des « actions de type A » avait déjà été ouvert aux habitants de Hong Kong, Macao et Taïwan, travaillant ou vivant sur le continent, depuis avril 2013. Selon les chiffres de la China Securities Depository and Clearing Corporation (CSDC), à la fin du mois de juillet, on dénombrait 125.000 résidents ayant ouvert des comptes titres pour échanger des « actions de type A ».

Une libéralisation économique motivée par la pression étrangère

Ces nouvelles mesures interviennent alors que la guerre commerciale sino-américaine a généré une pression sur les actions chinoises cette année. L'indice de Shanghai a d'ailleurs atteint ses plus bas niveaux en deux ans et demi. Pour mieux séduire les entreprises étrangères et répondre aux critiques du président Trump à propos du manque d'ouverture de l'économie chinoise, la Chine avait déjà accru sa libéralisation économique et financière en juin dernier. Elle avait en effet assoupli les modalités appliquées aux investisseurs étrangers, en diffusant une nouvelle liste des secteurs économiques soumis à de telles restrictions, la réduisant ainsi de 63 à 48 secteurs.

« La publication de la liste intervient à un moment critique dans une guerre commerciale imminente [...] La réduction de la liste signifie qu'il y aura plus d'opportunités pour les entreprises transfrontalières et elle déclare à nouveau l'anti-protectionnisme de la Chine », avait déclaré Gai Xinzhe, analyste à l'Institut des finances internationales de la Banque de Chine à Beijing cité par Bloomberg.

Lire aussi : La guerre commerciale sino-américaine a de lourdes conséquences sur les échanges mondiaux

Selon la Commission nationale du développement et des réformes de la République populaire de Chine (NDRC, pour National Development and Reform Commission), qui se base sur les données officielles, les tensions commerciales avec les Etats-Unis, qui ont débuté en janvier 2018, ont eu un impact limité sur l'économie. Cong Liang, porte-parole de la NDRC, cité par Reuters, a également assuré que tout impact de la hausse des droits de douane envisagée par le gouvernement de Donald Trump sera « maîtrisable ».

Malgré les récentes annonces d'une possible détente dans les relations sino-américaines, les places boursières chinoises ont fini dans le rouge, ce jeudi 16 août. La Bourse de Shanghai a perdu environ 0,7% à 2.705,2 points et Shenzhen recule de près de 1% à 1.467,1 points à la clôture.

Estelle Nguyen

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Commentaires 3
à écrit le 17/08/2018 à 15:09
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La Chine s'ouvre tout simplement car elle veut faire un petit geste pour calmer les occidentaux. Maintenant même si à mon avis Trump ne s'y prend pas très bien, il pointe du doigt un vrai problème: la non-réciprocité des relations entre l'occident et...

à écrit le 17/08/2018 à 9:03
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Ça sent le sapin.

à écrit le 16/08/2018 à 18:48
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bonne gens cupides, allez vous faire plumer en chine ou la regle du jeu changera quand vous y aurez mis votre argent....... apres ' transfert de technologie', c'est ' transfert de pognon', puis regle du 49-51, puis expulsion gratuite

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