Le retrait de Bayrou détend les marchés financiers

Par Delphine Cuny  |   |  433  mots
Quand les investisseurs s'inquiètent d'une victoire de Marine Le Pen, favorable à une sortie de l'euro, ils se méfient de la dette française et le rendement de cette dernière augmente.
L'écart de rendement entre bons du Trésor français et allemand s'est brutalement resserré à l'annonce du président du Modem. L'euro s'est redressé face au dollar. Le CAC 40 a effacé ses pertes.

La cassure est nette et correspond pile au moment où François Bayrou annonce sa proposition d'alliance à Emmanuel Macron mercredi après-midi. Tous les spécialistes des marchés qui ont les yeux rivés sur l'évolution des bons du Trésor français ont illico fait le rapprochement entre la conférence de presse du président du Modem et la détente sur les marchés. L'écart de rendement entre l'OAT (obligations assimilables du Trésor) et le « Bund » à 10 ans, ce « spread », qui avait bondi à son plus haut niveau depuis fin 2012 lundi à 84 points de base reflétant des anticipations d'un « risque Le Pen » accru, s'est brutalement resserré d'une douzaine de points de base à 73 points.

[Chute brutale du spread OAT-Bund à 10 ans en séance le 22 février]

Et le rendement des emprunts à 10 ans de l'Etat français a chuté à 1,016%, loin du 1,16% atteint le 6 février, son record depuis septembre 2015.

L'inquiétude sur une sortie de l'euro diminue

S'il fallait résumer de manière simpliste, quand les investisseurs s'inquiètent d'une victoire de Marine Le Pen, favorable à une sortie de l'euro, et de son impact sur l'ensemble du bloc de la monnaie unique, ils se méfient de la dette française et le rendement de cette dernière augmente, reflétant une prime de risque supérieure. Ils se ruent alors sur la dette allemande, valeur refuge, dont le rendement diminue. L'écart entre les obligations souveraines françaises et allemandes se creuse à chaque fois que ce « risque Le Pen » augmente en probabilité.

« C'est une vraie préoccupation des investisseurs, et qui porte sur l'ensemble de la zone euro, mais elle ne s'est pas propagée chez les industriels, chez les Corporate, qui ne nous en parlent pas. Le CDS [credit default swap, le produit dérivé permettant de se couvrir contre le risque de défaut, ndlr] de la France n'a pas explosé. Nous sommes très loin d'un mouvement de panique », observait mardi le patron de HSBC France, Jean Beunardeau, interrogé sur le sujet lors d'une rencontre avec la presse.

La décision de François Bayrou de ne pas se représenter à la présidentielle, la perspective d'une candidature de moins et d'un moindre éparpillement des votes ont d'ailleurs eu aussi un impact sur les marchés des changes. L'euro, qui avait chuté à un plus bas niveau de six semaines à 1,049 dollar, s'est redressé à 1,054 dollar. L'indice CAC 40 s'est également retourné, effaçant soudainement ses pertes pour clôturer sur un gain de 0,15%.

 [Evolution du CAC 40 lors de la séance du mercredi 22 février 2017. Crédit : Bloomberg]