Les banques italiennes s’inquiètent de l’envolée du « spread » Italie-Allemagne

Par Estelle Nguyen  |   |  503  mots
« La hausse du spread détériore les perspectives concernant les équilibres des comptes publics et complique les activités productives et les investissements des familles et des entreprises », selon l'association italienne des banques. (Crédits : © Alessandro Bianchi / Reuters)
L'association italienne des banques s'est alarmée de l’écart très surveillé entre les taux d’intérêt allemands et italiens à 10 ans, qui a atteint 340 points ce vendredi 19 octobre, signant ainsi son plus haut niveau depuis cinq ans et demi.

L'écart grandissant de taux d'intérêt entre l'Italie et l'Allemagne fait souffler un vent de panique de l'autre côté des Alpes. Le spread a atteint 340 points ce vendredi 19 octobre, soit son plus haut niveau depuis ces cinq dernières années, avant de se stabiliser à 329 points, tandis que le taux des obligations d'État à dix ans a dépassé 3,8%, ce qui n'était pas arrivé depuis plus de quatre ans. L'Association italienne des banques (Abi) est montée au créneau pour exprimer son inquiétude.

« La hausse du spread détériore les perspectives concernant les équilibres des comptes publics et complique les activités productives, et les investissements des familles et des entreprises. Nous ne pouvons pas rester indifférents face à une ultérieure croissance du spread », s'est alarmé le président de l'Abi, Antonio Patuelli, dans un communiqué.

Les institutions financières italiennes sont fortement exposées à la dette publique du pays. Les banques et assureurs italiens détiennent d'importants portefeuilles d'obligations et sont en première ligne en cas de tensions sur les rendements. Dans son communiqué, l'Abi a également appelé à un dialogue « plus constructif » entre les autorités italiennes et européennes afin de « surmonter cette situation qui pourrait être nuisible à l'économie ».

À Milan, l'indice phare a perdu plus de 8% depuis le 1er octobre et plus de 13% depuis le 1er janvier. Du côté des valeurs bancaires ce vendredi, Ubi Banca cédait plus de 6% à la clôture, UniCredit près de 5%, tandis que Banca Generali et Banco BPM lâchaient près de 8%.

Les banques italiennes sous pression

En septembre dernier, l'agence Fitch, avait placé sous perspective négative les notes à long terme d'Intesa Sanpaolo, UniCredit, Credem, Mediobanca, ajoutant qu'il était probable qu'elles soient abaissées en cas de dégradation de la notation de la dette souveraine italienne.

Les notes des autres banques italiennes pourraient être « sous pression si le climat économique devait se dégrader et avoir un impact sur la qualité de leur portefeuille de prêts [...] La combinaison de ces deux facteurs pourrait rendre les niveaux de capitalisation des banques moins adéquats avec les risques croissants », a ajouté Fitch.

Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, présent à Rome ce vendredi, a déclaré que les tensions sur la dette italienne ne présentaient pas de risque de contagion. La veille, il avait également assuré avoir remis en mains propres une lettre au ministre des Finances italien, Giovanni Tria, faisant part des inquiétudes de la Commission européenne à l'égard du budget italien et demandant à Rome de répondre d'ici lundi.

« Le budget ? Il n'y a aucune raison de le changer », a-t-il dit à la presse. Quant à la lettre de la commission, elle ne constitue que "le début de la discussion". Nous répondrons lundi » a réagi vendredi Giuseppe Conte, le président du Conseil italien.

Rome affiche le ratio d'endettement le plus élevé de la zone euro (131% du PIB), après la Grèce.