Le secteur émergent des startups mariant finance et technologie a encore beaucoup de pédagogie à faire (et les médias qui en parlent, aussi). Selon une enquête en ligne réalisée par Harris Interactive pour le cabinet Deloitte en début d'année et publiée ce lundi, seuls 4% des Français savent « à peu près » ce qu'est une Fintech et 83% ne savent pas définir ce que c'est, 13% en ayant « une vague idée ». Ils sont 5% pour les Insurtech, les entreprises innovantes réinventant les métiers de l'assurance. Cependant, derrière cette méconnaissance, les Français sont plus nombreux à utiliser ces services. Les Français, ces Messieurs Jourdain de la Fintech ?
Plus d'un quart des sondés (en ligne, sur un échantillon de 2.000 Français représentatifs de la population, entre le 7 et 27 janvier dernier) déclarent utiliser un comparateur de prix et de service, des services très répandus pour les prêts immobiliers et les assurances notamment. Ils sont 15% à utiliser des services de transfert d'argent en ligne ou de cagnottes via les réseaux sociaux, et tout autant à participer à du crowdfunding, qui effectue une percée, en hausse de 9 points par rapport à la première édition du baromètre l'an dernier.
Appétence en hausse
L'agrégation de comptes, avec des applications telles que Bankin et Linxo, devenue une tendance de fond et déployée par presque toutes les grandes banques, demeure stable, avec 9% d'utilisateurs. Le conseil automatisé en investissement (ou robot-advisor) progresse légèrement à 6%. Dans l'ensemble la notoriété de tous ces services a augmenté. Ainsi, 67% des Français disent connaître les services de comparateurs, 47% les sites de financement participatif et 30% les agrégateurs.
On pourra s'étonner de l'absence de questions sur l'intérêt pour une banque 100% mobile ou néobanque, un segment en pleine ébullition, entre les offres déjà lancées (comme l'allemande N26 ou Morning) ou sur le point de débarquer sur le marché comme Orange Bank ou le nouveau compte courant de Carrefour Banque.
L'appétence des Français pour ces services est aussi à la hausse. Notamment pour l'assurance habitation connectée (64% intéressés ou plutôt intéressés, en augmentation de 19 points) et l'assurance collaborative (peer-to-peer).
Le profil type de l'utilisateur de services Fintech est un homme de 38 ans, habitant en région parisienne, avec enfant(s), actif, ayant un salaire de plus de 3.000 euros net une forte appétence pour le secteur bancaire et digital.
Cependant, certains indicateurs montrent une résistance encore forte au tout-numérique, de nature à rassurer les banquiers et assureurs traditionnels clients du cabinet. Ainsi, 76% des sondés estiment qu"'aucun outil digital ne peut remplacer un conseiller en banque-assurance", ce qui mettra sans doute du baume au cœur des salariés du secteur qui se sentent menacés par ces nouveaux entrants. Et 55% disent préférer avoir tous leurs comptes et services au même endroit, auprès d'un interlocuteur unique. Là encore, un plaidoyer en faveur du modèle de banque universelle défendu par les grands établissements français.
[Article mis à jour à 15h]