Moins d'impôts, fonds de pension pour tous : la place de Paris détaille ses mesures post-Brexit

Par Delphine Cuny  |   |  598  mots
"Pour avoir une économie forte, il faut une place financière forte, il ne faut pas opposer les deux" insiste Gérard Mestrallet, le président de Paris Europlace qui est par ailleurs président d'Engie.
L'association Paris Europlace a envoyé aux candidats à la présidentielle son programme pour profiter de l'opportunité historique du Brexit. Une série de mesures axées sur la fiscalité des entreprises, des salaires et de l'épargne.

Après avoir essayé de battre en brèche les "idées reçues" des étrangers sur la France - souvent perçue comme un enfer fiscal et social dans les milieux d'affaires anglo-saxons - et présenté la capitale comme un eldorado pour les financiers en quête de point de chute après le Brexit, le président de Paris Europlace, Gérard Mestrallet, veut désormais sensibiliser les candidats à la présidentielle aux enjeux de l'attractivité de la place de Paris. Celui qui est aussi président du conseil d'administration d'Engie a écrit ce mardi matin à tous les candidats pour leur présenter le programme de l'organisation de promotion de la place. Car, finalement, il y a bien deux ou trois bricoles fiscales à corriger.

"Pour avoir une économie forte, il faut une place financière forte, il ne faut pas opposer les deux", a plaidé Gérard Mestrallet, lors d'une conférence de presse ce mardi.

"Nous avons une opportunité historique avec le Brexit que les candidats à l'élection présidentielle doivent saisir pour renforcer le poids de la place de financière de Paris."

Allègements fiscaux et... fonds de pension pour tous

Parmi les "sept mesures immédiates à mettre en œuvre dès mai 2017", les propositions ne sont pas franchement nouvelles, proches de celles du Medef, et essentiellement axées sur la fiscalité, des entreprises, des salaires et de l'épargne. Paris Europlace rêve d'une "bonne gouvernance fiscale", c'est-à-dire la fin de cette maladie bien française de modifier les règles du jeu fiscales constamment. Et l'organisation de dérouler la liste de ses souhaits : accélérer la réduction de l'impôt sur les sociétés, diminuer la taxe sur les salaires dans la finance (appliquée dans les secteurs qui ne paient pas de TVA), supprimer la taxe sur les dividendes et l'ISF, développer des mécanismes incitatifs (fiscalement) pour investir dans les startups.

Seule mesure un peu plus nouvelle : la proposition d'offrir "à tous les Français la possibilité d'accéder aux fonds de pension". Le délégué général de Paris Europlace, Arnaud de Bresson, s'étonne  :

"Pourquoi seuls les employés du secteur public pourraient en bénéficier avec le  système Préfon [la complémentaire retraite des agents de la fonction publique] ?"

Les fonds de pension à la française ne sont pas totalement une idée nouvelle et la loi Sapin II prévoit même leur création à partir de l'an prochain.

Toiletter aussi le droit du travail

Si Paris Europlace dénonce l'instabilité fiscale, elle est très favorable à de nouvelles retouches au droit du travail. Sans détailler, l'organisation évoque "des formes innovantes de relations contractuelles" pour des emplois "à fort potentiel" ou dans des environnements "très concurrentiels", le plafonnement des indemnités prudhommales qui ont disparu du texte final de la loi El Khomry, et la levée de toutes sortes de "contraintes" pour les startups et la finance. Aux yeux de Gérard Mestrallet :

"Il faut pouvoir s'adapter au caractère cyclique des activités financières, quand le marché est bullish, il faut pouvoir embaucher facilement, et, quand il y a un recul d'activité, pouvoir se réorganiser."

Pas sûr que les candidats à la présidentielle soient tout de même très séduits par cette vision des charrettes à l'anglo-saxonne, avec obligation de vider les lieux dans l'heure, son petit carton d'effets personnels sous le bras. Pour autant, Europlace se défend de demander un statut spécifique à la finance.

__