Orange Bank renflouée de 100 millions par Orange et Groupama

Par Delphine Cuny  |   |  582  mots
(Crédits : Charles Platiau)
La banque mobile de l’opérateur a réalisé une nouvelle augmentation de capital au premier semestre pour renforcer ses fonds propres, après avoir engrangé une perte opérationnelle de 88 millions d’euros sur les six premiers mois. Le produit net bancaire est rogné par les primes de bienvenue mais Orange Bank mise sur ses clients actifs.

Un investissement de long terme, avait insisté le Pdg, Stéphane Richard. La diversification de l'opérateur télécoms Orange dans la banque prendra du temps avant de porter ses fruits. Orange, qui a racheté 65% de Groupama Banque en octobre 2016 pour lancer Orange Bank en novembre 2017, a dû à nouveau renflouer sa filiale cette année. Après trois augmentations de capital successives de 100 millions d'euros en 2016 et 2017 et 155 millions en 2018, Orange Bank a reçu 100 millions d'argent frais au premier semestre 2019, en février très exactement, « dont 65 millions d'euros de capital d'Orange Bank souscrits par le groupe Orange » révèlent les comptes consolidés publiés ce jeudi 25 juillet.

Les autres 35 millions ont été apportés par l'assureur Groupama qui détient 35% de la banque en ligne, selon les termes du pacte d'actionnaires : les deux groupes se sont engagés à participer « jusqu'en 2022 à hauteur de leur quote-part de détention, aux augmentations de capital de Compagnie Financière d'Orange Bank nécessaires au financement des besoins en fonds propres (ratio CET1). »

Orange Bank continue d'engranger des clients : elle en revendique 320.000 à fin juin contre 248.000 à la fin de 2018. Ce chiffre n'inclut pas les clients historiques de Groupama Banque (de l'ordre de 500.000).

Stratégie de conquête coûteuse

La stratégie de conquête de la banque mobile, classée « meilleure proposition digitale » dans la banque de détail en France pour la deuxième année consécutive par l'agence D-rating, lui coûte cher. Au premier semestre, elle n'a généré qu'un tout petit produit net bancaire (PNB) de 15 millions d'euros, contre 26 millions l'an passé à la même période. Les revenus sont grevés par les primes de bienvenue, pratique courante dans la banque en ligne : 80 euros (au bout de dix paiements ou retraits) et 40 euros pour les clients d'une offre télécoms Orange (qui devait être arrêtée mais a été prolongée). Sans oublier les primes de parrainage (50 euros) ou les gestes commerciaux : des frais de tenue de compte abaissés à 2 euros contre 5 euros pour les clients oubliant de réaliser trois opérations par mois.

Résultat : Orange Bank a creusé sa perte opérationnelle à 88 millions d'euros contre 68 millions au premier semestre. En 2018, elle avait dégagé un produit net bancaire de 43 millions d'euros (contre 73 millions l'année précédente) et une perte nette de 170 millions d'euros.

Clients actifs

La direction d'Orange Bank ne se montre pas inquiète. L'objectif n'est « pas de faire du volume mais d'avoir des clients actifs pour être rentable à terme » confiait le mois dernier Paul de Leusse, le directeur général. Or plus de 60% des clients réaliseraient au moins une opération par semaine et les 30% les plus actifs effectueraient 22 opérations par mois. L'ambition du groupe est d'atteindre « l'équilibre d'Orange Bank en 2023 en France et en Espagne ». Le lancement en Espagne, où a été constituée une équipe de 100 personnes, est prévu en novembre.

La banque mobile, qui emploie plus de 800 personnes, dont 600 à Montreuil, près de Paris, et 200 à Amiens, présente des coûts fixes importants et un coefficient d'exploitation très élevé de 302%, du fait du faible PNB. Elle a lancé de nouveaux produits censés générer des revenus : du crédit conso l'an dernier et une carte haut de gamme bardée d'assurances (à 7,99 euros par mois) en mars.

Au vu du rythme actuel d'acquisition, D-Rating estime qu'Orange Bank devrait compter près de 450 000 clients à la fin de 2019.