Pas de services bancaires sans licence pour Libra et Facebook, insiste la Banque de France

Par Delphine Cuny  |   |  385  mots
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. (Crédits : Banque de France)
Facebook devra se plier aux règles des banques centrales, en particulier s'il veut proposer des services financiers au-delà du paiement, insiste le gouverneur de la Banque de France, dans un entretien à L'Obs.

Une semaine après l'annonce de la future cryptomonnaie Libra par Facebook et 27 partenaires, les banques centrales haussent le ton. Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, qui a révélé le 21 juin la mise en place d'une taskforce sur les stablecoins dans le cadre du G7, fait preuve d'une grande fermeté sur le respect des règles par le géant du Web qui a l'ambition de développer un portefeuille électronique, Calibra, et à terme une nouvelle ligne de métier de services financiers.

« Le Libra de Facebook devra se plier aux règles des banques centrales », insiste le gouverneur, qui est aussi membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), dans un entretien à L'Obs. « Si l'ambition du projet est vaste, il ne pourra exister qu'en respectant les règles qui valent pour tous ».

En particulier, Libra devra impérativement appliquer la réglementation anti-blanchiment, alors que les utilisateurs pourront agir sous pseudonyme, ce qui augmente les risques. Le projet devra aussi respecter « la sécurité absolue des transactions » ainsi que la protection des données personnelles

« Si le projet veut, au-delà des paiements, offrir des services bancaires, comme des dépôts, des placements financiers et des crédits, alors il devra être régulé comme une banque, avec une licence bancaire dans tous les pays où il opérera. Sinon, il serait illégal », met en garde François Villeroy de Galhau

Réguler plutôt qu'interdire

La mise en place du groupe de travail sur les stablecoins sous l'impulsion de a présidence française du G7 doit permettre une coordination internationale des régulateurs.

« Nous visons donc une réponse commune de l'ensemble des autorités publiques, y compris américaines, et intégrant tous les aspects du projet » Libra, indique le gouverneur.

Une source bien informée proche des pouvoirs publics souligne que la « nature hybride et complexe » du Libra, entre monnaie électronique et cryptoactifs, adossée à un panier de devises pour la prémunir de la volatilité des cryptomonnaies comme le bitcoin. La réglementation des cryptoactifs est naissante, des dispositions étant prévue dans la loi Pacte. La France défend « une approche plutôt réglementaire : l'interdiction n'est pas notre philosophie », décrypte un haut fonctionnaire.