Pourquoi le bitcoin s'envole au-delà des 10.000 dollars au plus haut depuis 15 mois

Par Delphine Cuny  |   |  566  mots
(Crédits : Coindesk)
L'annonce du Libra par Facebook a accéléré le rebond de la première des cryptomonnaies, le bitcoin, dont la valeur a plus que triplé depuis le plus bas inscrit à la mi-décembre 2018 sous 3.200 dollars. La remontée a commencé en mars dernier.

Risqué, volatil, spéculatif, réservé à un public d'investisseurs avertis, mais juteux pour ceux prêts à vivre des montagnes russes. L'actif qui a le mieux performé depuis le début de l'année est sans conteste le bitcoin : la première des cryptomonnaies, par année d'existence et par la capitalisation, est passée de 3.700 dollars début janvier à plus de 11.000 dollars selon Coindesk ce lundi 24 juin, avant de refluer légèrement en soirée. La valeur du bitcoin, qui a plus que triplé depuis le plus bas touché à la mi-décembre 2018, approche des 195 milliards de dollars, près de 60% de la totalité du marché des cryptoactifs, les Ether, Bitcoin Cash ou Litecoin n'ayant pas autant profité de ce regain d'intérêt.

L'une des raisons avancées par les spécialistes est l'annonce, la semaine dernière, par Facebook de la future cryptomonnaie Libra, avec 27 partenaires dont des poids lourds comme Visa, Mastercard et Paypal, ou encore Spotify et Uber. De nombreux experts estiment que Libra aidera à l'évangélisation des "monnaies digitales" auprès du grand public et partant à la démocratisation de l'usage des cryptomonnaies. Les investisseurs parient donc sur l'avenir.

"Les intervenants spéculent sur l'implication future d'acteurs importants comme Facebook", selon Mati Greenspan, analyste chez la plateforme eToro, cité par Reuters. "Ils pensent que Libra va créer une prise de conscience collective sur les cryptomonnaies et servir de déclencheur à leur adoption."

Autre signe d'une possible ouverture au grand public : l'opérateur télécoms américain AT&T a annoncé fin mai qu'il était le premier de son envergure à accepter le paiement de facture en ligne en cryptomonnaies, via un partenariat avec BitPay.

"Monnaie refuge" ?

Le mouvement haussier du bitcoin a commencé dès mars et s'est accéléré depuis, franchissant toute une série de caps symboliques, généralement sous forme de poussées brutales, les 5.000 dollars, les 8.000 dollars et le week-end dernier les 10.000, seuil dépassé pour la première fois en novembre 2017, avant d'atteindre son record historique de 20.000 dollars le mois suivant. Des explications géopolitiques ont été avancées : perspective d'un Brexit chaotique, guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, et plus récemment tensions avec l'Iran, qui feraient du bitcoin une sorte de monnaie "refuge". Le cryptoactif le plus connu attire aussi toutes sortes d'investisseurs spéculatifs comme les hedge funds, en quête de rendements, mais aussi des institutionnels qui cherchent à se diversifier au vu de l'intérêt de grands acteurs comme Facebook ou JP Morgan.

Les marchés des cryptomonnaies restent cependant assez opaques et peuvent faire l'objet de manipulations de cours et de fausses informations sur les volumes.

Certains experts prédisent le retour vers les 20.000 dollars dans l'année. Ils mettent en avant la perspective du "halving", mécanisme par lequel la rémunération des "mineurs" de bitcoin est divisée par deux, ce qui ne se produira toutefois qu'en mai 2020.

L'envolée du bitcoin n'est pas décorrélée de l'euphorie des marchés financiers : vendredi, à Wall Street, le Dow Jones et l'indice S&P 500 ont inscrit des records de séance, sur fond d'espoir de baisse des taux de la Fed. Ils affichent des gains de 15% et 17% depuis janvier, tandis que le Nasdaq s'est adjugé 21%. L'or a clôturé à un plus haut depuis cinq ans en fin de semaine.