Près de 5.000 banquiers et traders gagnent plus d'un million d'euros par an en Europe

Par Delphine Cuny  |   |  463  mots
C'est au Royaume-Uni que se concentrent près des trois quarts des hauts revenus du secteur bancaire, mais l'Allemagne est le deuxième pays, devant la France.
Un peu plus de 4.850 salariés du secteur bancaire en Europe ont reçu une rémunération d'au moins un million d'euros en 2017, selon une étude de l'Autorité bancaire européenne (ABE). Ils vivent à 73% au Royaume-Uni. La France est troisième derrière l'Allemagne avec 233 financiers dépassant le million annuel.

L'année 2018 aura sans doute été moins faste, avec la pire performance sur les marchés boursiers depuis dix ans, et des chutes de plus de 30% des cours des valeurs bancaires européennes. Mais en 2017, le nombre de banquiers ayant perçu une rémunération annuelle d'au moins un million d'euros et vivant en Europe a augmenté de 5,7% : ils sont 4.859 "high earners" (hauts salaires), selon l'étude publiée par l'Autorité bancaire européenne (ABE) ce lundi 11 mars.

Près des trois quarts de ces dirigeants et autres traders émargeant à sept chiffres au moins vivent au Royaume-Uni (73,4%), soit 3.567 personnes, un chiffre stable, montrant la domination persistante de Londres comme centre financier de l'Union européenne. C'est en Norvège que la progression a été la plus forte, un doublement avec 25 hauts revenus issus du secteur bancaire, suivie de l'Allemagne (+ 54%), deuxième pays en nombre de banquiers "millionnaires" (390), devant la France, troisième (233 salariés dépassant le million annuel, en hausse de 13,6%).

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[Evolution du nombre de hauts revenus dans le secteur bancaire par État membre en Europe en 2015, 2016 et 2017. Crédit : ABE]

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Pdg, traders et gestionnaires d'actifs

Le nombre total de ces financiers à haut salaire a bondi de 41,7% depuis 2010 dans l'ensemble de l'UE. Sans surprise, les bataillons les plus nombreux proviennent des métiers de la banque d'investissement (conseil en fusions-acquisitions, émissions de dettes et d'actions, activités de marchés, etc), avec 2.541 personnes, soit plus de la moitié du total. Suivent les salariés exerçant des fonctions de haut encadrement (861 personnes).

Ainsi en France, un seul Pdg pointe au-delà des 4 millions d'euros (il s'agit de Jean-Laurent Bonnafé de BNP Paribas même si l'étude ne cite aucune personne nommément). Deux salariés ont gagné plus que lui, dans les métiers de banque d'investissement (l'un à 7,5 millions, l'autre à 11,48 millions, bonus compris).

En 2014, au lendemain de la crise financière au cours de laquelle plusieurs banques européennes avaient été sauvées sur fonds publics, l'Union européenne a imposé un plafonnement des primes au niveau du salaire de base, voire au double en cas d'accord des actionnaires. Le ratio de la part variable sur la part fixe de la rémunération de ces banquiers a d'ailleurs encore reculé en 2017, à 101,08% contre 104% en 2016 et 123% en 2014. C'est dans la gestion d'actifs que le ratio est le plus élevé et il a même augmenté à 402%, bien au-delà du ratio maximum de 200%, même s'ils concernent peu d'individus (16 dans toute l'UE).

Le rapport portant sur les chiffres pour 2018 sera publié d'ici au début de l'année 2020. L'effet Brexit, avec la relocalisation de certains banquiers dans des pays de l'UE, dont la France, ne devrait toutefois se voir que dans les chiffres de l'année 2019, publiés un an plus tard.