La Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) veut affirmer son profil vert et social, y compris sur les marchés financiers. L'institution publique, qui avait émis son premier green bond en 2017, a annoncé ce jeudi 13 juin l'émission réussie de sa première "obligataire durable", une sorte d'obligation verte à coloration sociale. Cette opération, qui lui a permis de lever 500 millions d'euros, financera des projets verts à 90% et sociaux à 10% : en priorité des projets d'immobilier vert (58%), mais aussi des infrastructures pour l'accès au numérique, d'autres de production et stockage d'énergie verte ou de chaleur, des réhabilitations et dépollutions de sites, ou encore des projets dans le domaine de la santé et du médico-social.
"Cette émission inaugurale de 500 millions d'euros a rencontré un grand succès et a été sursouscrite avec un montant d'ordres supérieur à 1,4 milliard d'euros", s'est félicitée la Caisse des Dépôts. "En tant qu'investisseur de long terme, [la CDC] accompagne l'évolution de la société française en agissant principalement sur la transition vers un modèle économique bas-carbone et la réduction des fractures de la société", a-t-elle fait valoir.
Les banques cheffes de fil de l'opération étaient BNP Paribas, Crédit Agricole CIB, HSBC, Natixis et Société Générale CIB.
En quête de papier de qualité
Les investisseurs n'ont pas été découragés par le rendement négatif offert par cette institution à la signature établie, notée Aa2 par Moody's et AA par S&P. Le prix de cet emprunt obligataire a en effet été fixé à 1,325 au-dessus du pair, donnant un rendement négatif de -0,263%. Dans un univers de taux très bas, à peine positifs, les investisseurs effectuent des arbitrages, et certains, en particulier les banques, en quête de papier de qualité, choisissent des maturités courtes ou moyennes (ici, 5 ans), avec des taux légèrement négatifs, plutôt que de bloquer des fonds à plus long terme (voire subir un taux négatif de 0,4% à la BCE).
Le même jour, la RATP a émis sa deuxième obligation verte. L'émission, réalisée par BNP Paribas, Crédit Agricole CIB, Natixis et Société Générale CIB, d'un montant de 500 millions d'euros (d'une maturité de dix ans), a rencontré "un succès exceptionnel", avec "un taux de sursouscription considérable, supérieur à 5 fois", s'est réjoui l'établissement public. Le livre d'ordres a en effet atteint 2,6 milliards d'euros, ce qui a permis de fixer le prix à 26 points de base au-dessus de l'OAT et le rendement à 0,381%.
Les fonds levés par la RATP seront affectés à la transition énergétique du réseau des 4.700 bus d'Ile-de-France, en vue d'une flotte "100% écologique" en 2025, à la restructuration des ateliers de Vaugirard, dans le 15e arrondissement de Paris (qui intègre la construction de logements sociaux), et au renouvellement des trains de la ligne 14 du métro, avec des véhicules consommant 20% d'énergie en moins.