Spatial militaire : le couple franco-italien sur la voie de la réconciliation ?

Paris et Rome vont tenter de réanimer leur coopération dans le spatial militaire, qui a aujourd'hui besoin d'un nouvel élan politique. Les deux capitales vont demander à leur ministre de la Défense de travailler sur une nouvelle feuille de route. Remise de copie dans trois mois.
Copyright Reuters

Outre la liaison ferroviaire Paris-Turin, la France et l'Italie tenteront également de réanimer, lors du sommet franco-italien qui se tientce  lundi à Lyon, leur partenariat dans le spatial militaire (télécoms et observation), qui s'est considérablement refroidi ces dernières années. Paris et Rome se sont d'ailleurs entendus pour que le communiqué final évoque ce sujet important entre les deux pays. Les deux ministres de la Défense français et italien vont donc demander à leur délégué général pour l'armement (DGA) respectif d'élaborer ensemble une nouvelle feuille de route dans les domaine des télécoms et de l'observation. Ils auront trois mois pour revenir avec des projets de coopération. Un nouvel élan politique permettrait ainsi que la brouille finisse en divorce entre deux pays qui ont tant de programmes spatiaux en commun. "Il faut que les deux pays insufflent une élan politique pour passer au-delà des problèmes de gestion des programmes actuels, notamment dans le domaine de l'observation, estime un bon connaisseur de ces dossiers. Peut-être faut-il aller dans la co-utilisation des images pour les stallites d'observation et non plus dans l'échange d'images. Ce qui serait un cap supplémentaire vers une Europe de la défense plus intégrée".

Renouvellement des télécoms militaires en 2019 pour la France

Clairement, sont visées la poursuite du partenariat avec la suite des satellites télécoms Syracuse 3 (France) et Sicral 2 (Italie), la future génération baptisée Comsat-NG,  la suite des systèmes Pléiades (dont le second satellite, Pléiades 1B, a été lancé dans la nuit de samedi à dimanche à Kourou) et Helios. La France aura besoin de renouveler les satellites de télécoms à l'horizon 2019, d'où la nécessité de lancer vers 2014-2015 un nouveau programme. L'Italie est moins dans l'urgence, puisque son échéance est en 2022. Entre-temps, Paris et Rome disposeront d'Athena-Fidus (Access on theatres for European allied forces nations-French Italian dual use satellite), un satellite militaire qui doit fournir des services de télécoms haut débit aux forces militaires et aux services de la Sécurité civile français et italien et qui sera placé en orbite géostationnaire en 2013.

Dans le domaine de l'observation, les deux pays travailleront sur la suite du programme Orféo (Optical and Radar Federated Earth Observation). Le satellite d'observation optique Pléiades est la contribution française à ce programme, mené avec l'Italie qui, de son côté, développe le système d'observation radar Cosmo-Skymed. Les deux composantes d'Orféo sont complémentaires : précision et manoeuvrabilité pour Pléiades, aptitude tout temps et capacité de zoom pour le système radar.

Brouille après le Traité de Lancaster House

Mais qu'est-ce qui s'est passé entre la France et l'Italie ? Paris soupçonne Rome de flirter depuis plusieurs mois avec Berlin dans le domaine de l'optique, notamment, et dans les télécoms. Les deux pays ont signé un accord de défense il y a moins d'un an environ. Mais il faut dire que Paris l'avait bien cherché en s'enflammant pour Londres. La France et la Grande-Bretagne avaient signé en décembre 2010 le Traité militaire de Lancaster House. Paris avait alors poussé une coopération dans les télécoms militaires. Ce qui avait beaucoup énervé l'Italie, qui s'est senti délaissée par les Français en dépit de leur histoire commune avec les systèmes Syracuse (France) et Sicral (Italie). D'où le rapprochement italo-allemand.

Ensuite, le conflit libyen n'a pas arrangé le quotidien du couple. Lors de l'opération Harmattan, l'Italie, qui avait un besoin d'images optiques, en a demandé à la France plus que ce qui était prévu dans les accords de Turin signés en 2001. Refus catégorique de l'état-major français, qui s'en est strictement tenu aux accords entre les deux pays. Soit sept images par jour, pas une de plus. Ce qui a créé de nouvelles tensions. De leur côté, les Français ont négocié 75 images par jour des quatre satellites Cosmo-Skymed. En restant dans une logique purement comptable, les Accords de Turin ont trouvé leurs limites. Après plus de dix ans de coopération et de nombreuses opérations en commun, il faut renouveler ces accords pour une meilleure compréhension des besoins des uns et des autres. Et surtout revenir à l'esprit beaucoup plus qu'à la lettre d'un partenariat stratégique entre deux pays. Il faut que la France ait une vision politique dans la défense.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 03/12/2012 à 21:56
Signaler
Flirter avec Berlin....seulement ! les Us un peu l'Uk aussi, la pologne récemment ...+ de photos sur la Libye pour quoi faire ? trois pas en arrière !! , mettez vous une seconde à la place des militaires . Des infos pas de détails .

à écrit le 03/12/2012 à 19:29
Signaler
"Il faut que la France ait une vision politique dans la défense." Je présume que l'État-major français avait de meilleures raisons de refuser la demande italienne. Les forces françaises étant en première ligne. La conclusion est hors-sujet et malheur...

à écrit le 03/12/2012 à 14:42
Signaler
"Il faut que la France ait une vision politique de sa défense" C'est touchant de naïveté avec un partenaire culturellement très proche, mais qui accède déjà via Sicral à des compétences que ses dirigeants n'ont pas financées et les exemples sont nom...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.