Comment la Pologne favorise l'achat de sous-marins allemands U212

Par Michel Cabirol  |   |  581  mots
Des sous-marins allemands en manoeuvre
Le ministère de la Défense polonais est en train de modifier les exigences opérationnelles obligatoires de sa marine afin de faire concourir les sous-marins allemands U212 de ThyssenKrupp Marine. Ssytems. Une fois ce travail achevé, les U212 seront les favoris du futur appel d'offre de Varsovie.

En dépit de tous ses efforts, DCNS a toujours un train de retard en Pologne pour la vente de trois sous-marins à Varsovie évaluée à plus de 1,5 milliard d'euros. Non pas que la proposition du groupe naval tricolore soit mauvaise, mais elle est plutôt largement ignorée par le ministère de la Défense et les marins polonais, qui lui préfèrent les U212A, des sous-marins allemands construits par ThyssenKrupp Marine Systems AG (TKMS).

Selon nos informations, la Pologne pourrait relancer le processus d'acquisition dans le cadre d'une demande d'information (RFI ou Request for information) avant la fin de l'année. Un appel d'offre pourrait suivre en 2014. Varsovie a donc abandonné l'idée d'obtenir des sous-marins allemands dans le cadre d'un contrat de leasing. C'est ce qu'a annoncé fin octobre le ministère de la Défense polonais au Parlement.

Pourtant, en septembre, la Pologne pour faire face à des difficultés budgétaires avait été contraint de tailler dans le budget de la défense en réduisant les dépenses à hauteur de 3,5 milliards de zlotys (840 millions d'euros). Un effort qui avait contraint le ministère à prioriser trois grands programmes d'acquisition (hélicoptères, défense aérienne...), d'où étaient absents les sous-marins.

Pourquoi DCNS reste-t-il hors-jeu

En dépit de son obstination à concourir, DCNS, qui dans son offre propose le sauvetage des chantiers navals polonais contrairement à TKMS, devrait pourtant rester hors-jeu. Pourquoi ? Pour plusieurs raisons. Notamment, le ministère de la Défense polonais est en train de préparer un appel d'offre favorable à TKMS. Car après une étude, le ministère s'est rendu compte que les U212A ne satisfont pas à toutes les exigences obligatoires de la marine polonaise, dont le système de propulsion du sous-marin et le système de sauvetage.

C'est ce qu'a expliqué très clairement le ministère de la Défense polonais au Parlement sans aucun complexe. Du coup, le ministère a demandé à une équipe d'experts de modifier les exigences de la marine polonaise pour l'acquisition des sous-marins allemands. En clair, des "petits" arrangements entre amis. La marine polonaise estime que ces travaux seront achevés "au plus tard le 8 novembre". Une fois validée, cette étude permettra de lancer un appel d'offre en bonne et due forme faisant la part belle aux U212A. Bref, rien de bon pour DCNS.

Un accord en préparation entre Berlin et Varsovie

DCNS doit également affronter des vents contraires sur le plan diplomatique. L'Allemagne et la Pologne, qui ont déjà signé en mai dernier une lettre d'intention (LoI) consolidant leur partenariat stratégique dans le domaine naval, pourrait au début de l'année signer cette fois-ci un accord d'Etat à Etat. Dans les annexes de la Lol, les deux pays souhaitent établir une autorité opérationnelle commune pour les sous-marins allemands et polonais. Si un nouvel accord était signé en février, l'Allemagne pourrait mettre à disposition de la marine polonaise un ou deux sous-marins U212 pour l'entrainement et des exercices conjoints entre les deux marines.

Enfin, la Norvège, qui prévoit également d'acquérir de quatre à six sous-marins, est intéressée par une commande commune avec d'autres pays. Oslo aurait ainsi approché Varsovie ainsi que d'autres pays pour une acquisition commune. Une initiative encouragée par TKMS, qui consoliderait ainsi ses positions commerciales en Pologne et en Norvège, dont la marine est déjà équipée de sous-marins allemands de la classe Ula (type 210 allemand).