Pourquoi le ministre de la Défense belge veut le F-35 et pas le Rafale

Par Michel Cabirol  |   |  509  mots
Le ministre de la Défense belge, qui est à Paris ce lundi, privilégie l'acquisition de l'avion de combat de Lockheed Martin. Un choix plus ou moins conditionné à son avenir, Pieter de Crem étant candidat au poste de secrétaire général de l'OTAN.

Le vice-Premier ministre et ministre de la Défense du Royaume de Belgique, Pieter de Crem, qui est à Paris ce lundi, souhaite toujours autant équiper l'armée de l'air belge avec l'avion de combat américain, le F-35 de Lockheed Martin en dépit de l'inflation du prix de cet appareil qui cumule également les déboires techniques et technologiques. Mais pourquoi ce choix alors qu'il existe pourtant trois avions de combat européens - Eurofighter (BAE Systems, Airbus Group et Finmeccanica), Gripen (Saab) et Rafale (Dassault Aviation) ?

Parce que Pieter de Crem, atlantiste convaincu, est candidat au poste de secrétaire général de l'OTAN, qui doit se libérer cet été, qu'il n'est qu'un outsider et qu'il a donc besoin de donner des gages aux Etats-Unis, explique-t-on à Paris. D'où le choix outre-Atlantique… Le ministre de la Défense blege mène donc depuis de longs mois une campagne relativement discrète entre Washington et Bruxelles. "La Belgique ne peut être otage d'une priorité de campagne du candidat De Crem à l'OTAN", affirme la députée verte belge, Juliette Boulet.

60 F-16 à remplacer

La flotte des F-16 compte actuellement 60 appareils, dont 48 sont affectés à l'OTAN. Ces avions, capables d'effectuer des missions défensives et des tâches offensives et de reconnaissance, sont stationnés sur deux bases, Kleine Brogel et Florennes. Grâce au programme de modernisation Mid Life Update (MLU), le F-16 restera apte à effectuer toutes les missions opérationnelles au-delà de l'an 2015. C'est dans ce cadre que la Belgique envisagerait d'acquérir de 35 à 55 avions de combat.

"Nos décisions se baseront sur le niveau d'ambition déterminé dans le cadre des stratégies politiques et militaires et intégreront le pooling and sharing", a récemment expliqué Pieter de Crem, qui a évoqué le besoin d'une quarantaine d'appareils pour l'armée de l'air belge. Un propos qui pousse la Belgique à se rallier au choix des Pays-Bas, de la Norvège et du Danemark, qui ont déjà choisi le F-35. "La décision sera prise sous la prochaine législature (soit après mai 2014, ndlr), dans le respect de la politique de burden and risk sharing (facture et risque partagés, ndlr) développée avec l'OTAN et l'Union européenne", avait-il précisé.

Et le Rafale ?

Si la Belgique choisit le Rafale, Paris est prêt à proposer à la Belgique une coopération très large sur le Rafale. Notamment des retours industriels significatifs au travers entre autre de la société belge SABCA (filiale de Dassault Aviation), qui a assemblé dans ses ateliers les Mirage 5, puis les Alpha Jet, et enfin les F-16A/B de l'armée de l'air belge.

Paris proposera un aménagement du plan de paiement pour le ministère de la Défense belge, qui dispose d'un petit budget (2,7 milliards d'euros en 2013. En outre, si les Belges le demandent, la France est même prête à équiper l'armée de l'air belge avec des avions cédés en leasing, assure-t-on au sein du ministère de la Défense.