Le Drian va lancer la nouvelle génération d'armements pour l'armée de terre

Par Michel Cabirol  |   |  789  mots
A l'occasion de l'ouverture du salon de l'armement terrestre Eurosatory, le ministre de la Défense a annoncé qu'il s'apprêtait à lancer le programme Scorpion, notamment les blindés VBMR et EBRC.

C'est le soulagement dans les rangs de l'armée de Terre et des industriels spécialisés dans l'armement terrestre (Nexter, Renault Trucks Defence, le missilier MBDA...). Pourquoi un tel soulagement ? Parce que le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a enfin prononcé lundi à l'occasion de l'ouverture du salon de l'armement terrestre Eurosatory ces mots magiques : "Fort des engagements du président de la République en faveur du budget de la Défense, je m'apprête à lancer le programme Scorpion", menacé récemment encore par les nouvelles restrictions budgétaires exigées par Bercy.

Préserver "nos intérêts futurs"

"Il pourrait être tentant, dans ces heures difficiles, de sacrifier les intérêts futurs pour préserver nos intérêts de court et moyen terme, a expliqué Jean-Yves le Drian. Mais ce n'est pas ma vision des choses". Et de rappeler que "le maintien de notre souveraineté, vous le savez, passe également par des investissements qui visent à préparer l'avenir". C'est le cas du programme Scorpion. Un programme indispensable à la survie des industriels de cette filière maltraitée depuis plus de dix ans et à la bonne conduite des opérations extérieures menées par l'armée de terre, notamment au Mali (opération Serval).

Du coup, les industriels peuvent avoir enfin le sourire même si le programme Scorpion a été au fil du temps très réduit. "Ce lancement est une formidable opportunité, a souligné le ministre, pour les industriels français et leur réseau de PME sous-traitantes, de développer deux nouvelles familles de véhicules modernes (les VBMR et les EBRC), avec leurs équipements. Le programme Scorpion a "pour objectif de renouveler et moderniser les moyens des Groupements tactiques interarmes (GTIA), a précisé le minsitre. Il vise à doter l'armée de terre de capacités d'action de premier rang au combat".

Un Scorpion à minima

Le cœur du programme Scorpion permettra l'intégration de tous les systèmes d'information existant actuellement en un seul. Il deviendra à terme le système des systèmes d'information permettant à tous les éléments du GTIA de dialoguer selon un même langage et une même procédure. Mais c'est aussi une nouvelle génération de systèmes d'armements comme le successeur des antiques VAB (Véhicule de l'avant blindé), "le chameau" de l'armée de Terre vieux de 40 ans en 2016. Le Véhicule blindé multirôles (VBMR), un véhicule 6x6 de 18-19 tonnes, vaudra grand maximum 1 million d'euros l'unité.

L'armée de terre doit acquérir 92 VBMR au cours de la période de la loi de programmation militire (LPM) pour un objectif de 2.080. Ils seront livrés à compter de 2018. Elle doit disposer des EBRC, qui sera équipé, a précisé le ministre, "du nouveau missile moyenne portée (...), le MMP et du canon de 40 mm télescopé", pour renouveler l'actuel parc de véhicules blindés AMX 10RC, ERC 90 et VAB Hot. L'objectif à terme est fixé à 248 pièces. Scorpion prévoit également la modernisation de 200 chars Leclerc avant 2025. Car, selon Jean-Yves Le Drian, Scorpion "permettra de maintenir la capacité du char Leclerc jusqu'en 2040, en l'intégrant à la manœuvre des GTIA". Enfin, les premiers missiles MMP, fabriqués par MBDA, devraient être livrés en 2017 de façon à éviter une rupture capacitaire dans le domaine des missiles tactiques du combat débarqué.

Un enjeu à l'export

"L'enjeu, c'est aussi bien sûr de continuer d'améliorer leur positionnement à l'export, dans des secteurs qui devraient connaître une croissance nette dans les années à venir", a assuré le ministre de la défense. Le VBMR renouvellera le secteur des véhicules de transport de troupes protégés 6x6. Selon Jean-Yves Le Drian, "ce secteur voit la demande s'accroître, notamment pour des véhicules qui soient porteurs des meilleurs systèmes, ceux dans lesquels les industriels français sont parmi les meilleurs : optronique, vétronique, détection de tir, navigation…" De son côté, l'EBRC a "tous les atouts pour s'imposer, notamment pour ses performances en zone urbaine".

Il a ainsi rappelé l'importance qu'il attache à l'export. Il a confirmé que "les chiffres montrent un net redressement des prises de commandes à l'export de l'industrie française de défense en 2013. Je suis en mesure de vous communiquer le chiffre aujourd'hui : 6,67 milliards d'euros, (dont 570 millions d'euros pour l'armement terrestre), c'est le montant total des contrats d'exports français dans le domaine de l'armement, soit une augmentation de 42 % par rapport à 2012. L'année 2014 sera encore meilleure, j'en ai la  conviction, la barre des 7 milliards ne nous arrêtera pas". Vendredi, Jean-Yves le Drian avait affirmé avoir bon espoir de faire mieux et de "tangenter" les 8 milliards d'euros d'exportations d'armement en 2014.