Missiles : MBDA peine à percer le coffre-fort américain

Par Michel Cabirol  |   |  590  mots
Le missile air-sol Brimstone, qui arme un drone MQ-9 Reaper, détruit des véhicules au cours de tests réalisés aux Etats-Unis. C'est l'une des grandes chances de succès de MBDA aux Etats-Unis
Faute d'y avoir obtenu des succès commerciaux, le missilier européen réduit la voilure aux États-Unis. Mais son PDG Antoine Bouvier espère encore décrocher un premier succès grâce au missile air-sol britannique Brimstone.

Le missilier MBDA a vraiment beaucoup de mal à pénétrer le marché américain. "Le système américain au sens large est extrêmement résistant aux produits non américains, constatait à regret le PDG du missilier européen Antoine Bouvier lors du salon aéronautique de Farnborough. C'est un vrai problème car nous sommes persuadés d'avoir pourtant les bons produits et les bonnes technologies". Et ce n'est pas faute d'avoir essayé d'ouvrir le coffre-fort américain en douceur, notamment en y investissant beaucoup (acquisition de l'activité liée au missile air-sol Viper Strike) et en maintenant une relation forte avec Lockheed Martin grâce à la coopération transatlantique sur le système MEADS. En vain et surtout sans perspectives encourageantes. Ce qui pose un réel problème.

"Aux États-Unis, c'est beaucoup plus compliqué que ce que l'on pensait initialement", expliquait Antoine Bouvier. Pourquoi ? "L'environnement géopolitique qui a évolué de manière négative avec la diminution du budget de la défense américain, qui rend plus difficile la promotion de systèmes non-américains", précisait le PDG de MBDA. Sans compter une concurrence très, très dure à l'export où les groupes américains bénéficient de la toute puissance de la diplomatie de Washington pour regagner des affaires pourtant perdues par les industriels américains comme à Oman.

Le rêve américain inaccessible ?

Le missilier européen s'est donc jusqu'ici cassé les dents même si sa présence outre-Atlantique a permis de sauver les financements pour le programme MEADS (Etats-Unis, Allemagne, Italie) jusqu'en 2014. Du coup, il a déjà commencé à réduire sérieusement la voilure. Les effectifs sont passés de 70 à 50 personnes environ aux États-Unis. Et MBDA a aujourd'hui encore "des actions en cours" pour poursuivre la réduction des personnels américains et faire des économies.

Pour autant, Antoine Bouvier garde encore confiance. Pour combien de temps encore ? "Nous y verrons plus clair à la fin de l'année", soulignait-il. Sous-entendu après certaines campagnes commerciales qui sont critiques pour l'avenir de MBDA aux États-Unis. Car le missilier européen espère toujours décrocher un premier contrat. C'est le missile air-sol britannique Brimstone qui a pour mission d'ouvrir enfin les portes du marché américain d'ici à la fin de l'année.

Le Brimstone percera-t-il percer le coffre-fort américain ?

Le Brimstone "correspond à un besoin" de l'armée américaine, affirmait Antoine Bouvier. Et la proposition de MBDA bénéficie du "très, très fort soutien du gouvernement britannique, qui en fait un test de sa relation bilatérale", précisait-il. Au cours d'essais conduits entre décembre 2013 et janvier 2014 sur une base navale américaine pour le compte du ministère de la Défense britannique (MoD), MBDA a réussi neuf tirs du missile air-sol Brimstone à bord d'un drone MQ-9 Reaper (General Atomics) sur les neuf effectués contre des cibles, dont certaines roulaient à très grande vitesse.

Au-delà la Royal Air Force (RAF), MBDA compte ainsi vendre le Brimstone aux utilisateurs américains. Et de le placer sur des Reaper américains mais aussi sur des hélicoptères Apache ou du F-18 Super Hornet pour remplacer les Hellfire et autres Maverick dans l'US Army, l'USAF et l'US Navy. Des campagnes importantes pour MBDA. "Nous avons d'autres options mais pas avec cette échéance de court terme", assurait Antoine Bouvier. Mais quoi qu'il arrive, MBDA "maintienda une présence aux États-Unis", affirmait-il. Le rêve américain du missilier européen attendra...