Comment un député PS a tenté de supprimer la commission de la défense à l'Assemblée nationale

Par Michel Cabirol  |   |  476  mots
Le député PS Philip Cordery a déposé un amendement visant à créer une commission des affaires européennes en remplacement de celle de la défense nationale.

Gros couac entre amis à l'Assemblée nationale. Philip Cordery a de curieuses manières parlementaires. A la hussarde et, surtout, en complète contradiction avec le règlement du groupe socialiste. Ce député PS, élu par les Français établis hors de France (Benelux), a envoyé vendredi 21 novembre vers 16 heures un mail de haute importance à une trentaine de députés socialistes. Objet du mail : un amendement en vue de modifier le règlement de l'Assemblée nationale permettant de supprimer la commission de la défense et transformer la commission des affaires européennes en un commission permanente. Jusqu'ici rien de répréhensible...

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En revanche, Philip Cordery est un homme pressé. Très pressé, peut-être trop pour un amendement de cette importance. Il demande aux députés contactés par mail et qui ne souhaitent pas co-signer cet amendement, de lui faire savoir... avant 10 heures, le lendemain. Soit le samedi 22 novembre. Seuls quelques députés auront le temps de se désister, dont Jean-Jacques Bridey, Nathalie Chabanne, Chantal Guittet et Joaquim Pueyo. Les autres ont donc été (pour certains à leur insu) associés à cet amendement. "Cela se pratique régulièrement à l'Assemblée nationale", a plaidé à "La Tribune", Philip Cordery.

Philip Cordery rappelé à l'ordre

"Sur la forme, c'est un hold-up. Sur le fonds, c'est malvenu au moment où la France est engagée dans plusieurs opérations extérieures", explique un observateur de ce dossier. Rappelé à l'ordre par le patron du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux, Philip Cordery, coupable de ne pas avoir respecté les règles de jeu du groupe socialiste, pourrait être contraint de retirer son amendement, selon un proche du dossier. Ce qu'il dément. "Il sera discuté ce soir en séance", a affirmé Philip Cordery, qui a assuré que "l'objectif n'était pas de réduire l'influence des questions de défense au sein de l'Assemblée nationale".

D'autant plus que, sur le fond, ce que demande Philip Cordery aujourd'hui -à savoir, transformer en une commission permanente les affaires européennes- existe déjà plus ou moins au sein de la commission des affaires étrangères. Conformément à l'article 36 (alinéa 8) du règlement de l'Assemblée nationale, le premier domaine de compétence de la commission des Affaires étrangères est la politique étrangère et... européenne. Mais pour Philip Cordery, "cela ne suffit pas". "Les questions européennes relèvent aujourd'hui davantage des affaires intérieures que des affaires étrangères, ils tendent à mieux intégrer la dimension européenne dans le Règlement de l'Assemblée nationale, laquelle est encore loin de ce qui se pratique dans d'autres parlements européens, en particulier le Bundestag", a-t-il expliqué.