Airbus en 2016  : plus de livraisons... et moins d'intéressement pour les salariés

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  429  mots
Airbus doit livrer 93 appareils en décembre pour atteindre son objectif de 670 livraisons en 2016. Selon nos informations, l'avionneur table même sur 676 exemplaires. Mais cette performance restera insuffisante pour atteindre l'objectif de 690 livraisons fixé en interne, qui est censé déclencher l'intéressement des salariés. Ce qui provoque la grogne des syndicats et salariés.

Dès le mois de juin, Fabrice Brégier, le président d'Airbus avait prévenu. «La fin de l'année s'annonce très active en termes de livraisons», avait-il dit dans nos colonnes. Elle le sera. Décembre sera un mois de folie dans les sites d'assemblage d'Airbus. Pour atteindre l'objectif communiqué par la direction à la presse et aux investisseurs de 670 livraisons d'avions en 2016, Airbus devra livrer 93 appareils, soit quasiment trois par jour, une trentaine de plus que le rythme mensuel observé ces derniers mois (autour de 60 avions par mois).

"C'est jouable », explique-t-on chez Airbus en rappelant que les chaînes d'assemblage resteront en activité jusqu'au 31 décembre et que plusieurs avions sont quasiment terminés. Selon nos informations, Airbus table même, aujourd'hui, sur 674 livraisons d'appareils, une quarantaine de plus qu'en 2015 (635). Soit un nouveau record pour l'avionneur européen. Ceci, en dépit d'une production qui reste tendue. Notamment celle de l'A350. L'objectif de 50 (et non plus de «plus de 50» comme indiqué ces derniers mois) sera extrêmement difficile à tenir. Dans le meilleur des cas, certains en interne parlent de 47 livraisons. Trois exemplaires sont en effet en risque.

Les salariés grognent

Ce niveau record de production est en apparence supérieur à l'objectif officiel, lequel avait été révisé à la hausse en octobre passant de 650 à 670. Pour autant, il provoque la grogne des syndicats et des salariés. Car, comme La Tribune l'avait révélé en juillet dernier, l'objectif fixé en interne en début d'année par la direction, celui qui déclenchera le versement complet de partie de l'intéressement des salariés liée à la performance opérationnelle, est fixé à 690 livraisons. S'élevant l'an dernier à 2.500 euros, l'intéressement tient compte de la réalisation d'objectifs financiers et opérationnels. L'an dernier, ce critère opérationnel avait représenté 500 euros. Les syndicats craignent par ailleurs que la non réalisation des objectifs opérationnels n'impacte également les objectifs financiers et donc la partie de l'intéressement lié à ce critère également.

Une injustice pour beaucoup d'entre eux dans la mesure où la non-réalisation de l'objectif interne est imputable aux difficultés des sous-traitants qui ont peiné (et peinent encore) à suivre la hausse des cadences, comme Pratt & Whitney sur les moteurs de l'A320neo, Zodiac sur les cabines et les toilettes de l'A350, mais aussi Aerotech ou Stelia...

Combinée à la mise en place du plan de suppression de 1.164 postes chez Airbus Group, cette grogne risque de se concrétiser par de fortes tensions au premier trimestre au moment des négociations salariales.