Airbus : intox, manipulation et coups tordus entre Tom Enders et Fabrice Brégier

Par Michel Cabirol  |   |  607  mots
Selon nos informations, Tom Enders n'aurait pas encore pris sa décision de quitter le groupe en 2019. En revanche, Fabrice Brégier serait sur le départ.

C'est un duel à mort entre deux grands fauves de l'industrie européenne, Tom Enders et Fabrice Brégier, respectivement les numéros un et deux d'Airbus. Deux grands fauves aujourd'hui blessés à mort par les affaires qui tournoient et rôdent autour du groupe. Une chose est sure, comme l'avait révélé La Tribune, ils sont tous les deux condamnés à plus ou moins brève échéance. Le mandat de Tom Enders se termine en 2019, celui de Fabrice Brégier en avril 2018, selon nos informations. En 2019, Airbus saura enfin ce qu'il devra payer comme amende à la Grande-Bretagne et à la France à l'issue des enquêtes du Serious Fraud Office (SFO) et du Parquet national financier (PNF).

Une source a récemment confirmé à La Tribune qu'un accord entre Berlin et Paris a été négocié pour pousser dehors l'actuelle direction d'Airbus. Et les déclarations début novembre de la Chancellerie en faveur d'un statu quo au sein de l'avionneur, n'ont pas vraiment trompé les initiés. Dans une période politique compliquée et difficile avec la constitution d'une coalition, Angela Merkel ne voulait surtout pas ouvrir ce dossier explosif à ce moment-là. C'est toujours le cas.

Manipulation et coups tordus en tout genre?

En attendant le retour d'Angela Merkel sur ce dossier, Tom Enders et Fabrice Brégier sont encore bien à leur poste et aussi dangereux que peuvent l'être des fauves blessés. Aussi, tous les coups sont permis. Tom Enders va-t-il partir à l'issue de son troisième mandat en 2019 comme l'affirme Le Figaro? Selon nos informations, le patron d'Airbus hésiterait encore à rempiler et annoncerait sa décision en 2018. Ce serait du 60-40 pour un départ. Mais "aucune décision n'est prise", assurent ainsi deux sources proches du dossier. La survie du directeur financier Harald Wilhelm, qui a gardé la confiance des marchés, reste conditionnée à la présence de Tom Enders dans le groupe.

Est-ce alors une manipulation de l'entourage de Fabrice Brégier et/ou de l'Elysée, qui aimerait une concomitance des départs? A qui profite le crime sinon à ceux qui veulent voir Tom Enders partir? L'ambiance dans le groupe est profondément délétère. "C'est pire que jamais", observe-t-on en interne. Et jeudi, le conseil d'administration d'Airbus, sur lequel les Etats français et allemands n'ont aucun contrôle, se réunit. Selon nos informations, ni la succession de Tom Enders, ni celle de Fabrice Brégier ne devraient être abordées.

Fabrice Brégier sur le départ?

Depuis plusieurs jours, Fabrice Brégier s'active en coulisse et dans la presse. Une sorte de baroud d'honneur car il se sait condamné à brève échéance. Très brève échéance. Il a fait le tour des lieux de pouvoir en France (Elysée, Matignon...) pour obtenir du soutien qu'il n'a, semble-t-il, pas eu. Il n'a pas démérité mais on lui a expliqué la situation : une opération "main propre" à la tête d'Airbus impliquerait le départ de tout le comité exécutif du groupe, Français compris. Dans ces conditions, il aurait déjà négocié les conditions de son départ, qui doit être officiellement annoncé en février. C'est le scénario écrit. Fabrice Brégier va-t-il le faire dérailler? A suivre.

Qui pour remplacer Fabrice Brégier? Le président du conseil d'administration Denis Ranque soutiendrait Guillaume Faury, qui souhaite se tenir éloigné des règlements de compte à Toulouse. Le patron d'Airbus Helicopters n'a aucune envie de prendre une balle perdue. C'est une position qui se défend au vue de l'ambiance au sein d'Airbus à Toulouse...