Après une année 2017 traumatisante, Arquus a su se remettre en selle en 2018

Par Michel Cabirol  |   |  746  mots
Arquus a signé pour 1,26 milliard d'euros de contrats, dont 700 millions ont pu être mis en vigueur en 2018
En 2018, Arquus s'est relancé. Le chiffre d'affaire pro forma a cru de 25% et les commandes de 10%. Son PDG Emmanuel Levacher s'est aussi découvert un gros appétit...

Après une fin d'année 2017 traumatisante (perte d'une compétition majeure portant sur le successeur du VAB et arrêt du processus de vente), Arquus a finalement su rebondir en 2018. Et même très bien. Le PDG d'Arquus Emmanuel Levacher a annoncé mardi une hausse de 25% de son chiffre d'affaires pro forma, qui s'est élevé l'an dernier à "environ 500 millions d'euros" (contre environ 550 millions en 2016 et 2017). Car, en 2018, le constructeur de blindés légers a perdu Mack Defense et l'activité australienne (MCO des camions Mack Australia) ainsi que les camions civils militarisés repris par Renault Trucks. Arquus a d'ailleurs battu un record d'activité industrielle avec 462.713 heures de production (1.500 emplois, dont 1.032 en CDI).

A plus long terme, Arquus souhaite s'inscrire dans le programme de char lourd européen (MGCS) mené par le groupe franc-allemand KNDS. "On veut être dans ce programme", a expliqué son PDG. "On aimerait bien apporter notre petit grain de sel en matière de mobilité, y compris sur des technologies nouvelles et surtout sur des sujets où l'on estime être légitime. Nous sommes capables de fournir des organes mécaniques, des moteurs diesel et des machines électriques à haute puissance. Il n'y a pas que MTU Deutschland... Il peut y avoir d'autres solutions", a précisé son président Emmanuel Levacher, qui mise sur l'innovation pour monter à bord du MGCS. "Le char de demain sera-t-il encore un char?", s'est-il d'ailleurs interrogé.

Des ventes tous azimuts pour Arquus

Sur le plan commercial, Arquus a également su cavaler en signant pour 1,26 milliard d'euros de contrats, dont 700 millions ont pu être mis en vigueur en 2018 (en hausse de 10% par rapport à 2017). C'est la France qui a été le meilleur client d'Arquus l'an dernier (54%), puis le Moyen-Orient (27%) grâce au Koweït (330 blindés Sherpa Light pour 270 millions d'euros) et, enfin, l'Europe grâce au contrat CAMO (vente de plus de 382 Griffon et 60 Jaguar) en Belgique (250 millions d'euros environ pour Arquus), qui n'a pas été encore mis en vigueur. Le carnet de commandes s'est élevé fin 2018 à 6 milliards d'euros, dont 1,2 milliard ont déjà été affermis.

Au-delà, Arquus a montré l'an dernier une activité commerciale intense en remettant 201 offres commerciales : 89 en France, 42 en Afrique, 33 en Asie, 26 en Europe, 22 au Moyen-Orient et 19 en Amérique. Par ailleurs, Arquus a signé en octobre dernier un partenariat avec le groupe américain AM General, qui cherchait à compléter sa gamme, pour produire Bastion, un blindé de 12 tonnes pour le transport de troupes, sous licence aux Etats-Unis.

Des promesses de contrats

En 2019, Arquus devra affermir un certain nombre de contrats signés. Il garde également en ligne de mire un nouveau grand contrat au Koweït (Sherpa et VAB Mark 3), où la ministre des Armées Florence Parly a beaucoup insisté lors de sa visite les 3 et 4 décembre sur ce prospect. Elle a pu rencontrer l'émir du Koweït, Cheikh Sabah Al Ahmad Al Jaber Al Sabah, son homologue koweïtien Premier vice-Premier ministre et ministre de la Défense, Cheikh Nasser Sabah Al Ahmed Al Jaber Al Sabah, ainsi que le vice-président de la Garde nationale (KNG), Cheikh Mesha'al Ahmed Al Jaber Al Sabah.

Arquus propose également une nouvelle version du Sherpa aux Pays-Bas, qui souhaite acquérir 1.000 véhicules tactiques protégés 4x4 de 11 à 12 tonnes. En outre, le contrat VBCI au Qatar pourrait également gonfler son carnet de commandes d'environ 300 millions d'euros. Enfin, le constructeur vise avec le Bastion des ventes plus modestes au Sahel pour les forces du G5 ainsi qu'au Moyen-Orient et en Egypte.

Consolidation?

Interrogé sur l'intérêt d'une absorption dans un vaste ensemble franco-allemand composé de KNDS (Nexter et KMW) et de Rheinmetall, Emmanuel Levacher n'y est pas favorable même s'il admet ne pas avoir "certainement la taille critique qu'il faudrait avoir pour soutenir tous nos efforts sur tous les fronts qu'on a ouverts en termes de produits et de géographies". Il a également reconnu que "d'un point de vue politique, il y a bien la place pour un nouveau mécano industriel".

Mais il a rappelé que "pour que cela ait du sens, il faut une rationalité économique, technologique et sociale mais aussi une grande complémentarité entre les partenaires. Si on fait exactement la même chose, on risque se passer du temps à se bagarrer pour savoir comment se partager le gâteau. D'autre part, même si on apportait Arquus à KNDS, ça ne rééquilibrerait pas vraiment l'ensemble, car Rheinmetall est bien plus gros".