Coup de théâtre, Volvo ne vend plus Renault Trucks Defense

Par Michel Cabirol  |   |  563  mots
Vente de Renault Trucks Defense, Volvo jette l'éponge
Volvo Group a décidé de mettre fin au processus de cession de l'activité Governmental Sales convoitée par le groupe franco-allemand KNDS et le belge CMI.

C'est un coup de théâtre. Volvo Group a décidé de mettre fin au processus de cession de l'activité Governmental Sales, a annoncé mardi le groupe dans un communiqué. Pourquoi ? En raison du prix proposé par les deux seuls acheteurs qui s'étaient déclarés sous l'œil vigilant de l'Etat français. La France avait dissuadé les groupes américains, Rheinmetall et les fonds d'investissements de présenter une offre au regard du poids stratégique de Renault Trucks Defense (RTD) dans l'équipement de l'armée de Terre française. En conséquence, Volvo Group a finalement estimé que "les offres reçues ne reflétaient pas la valeur" de cette activité. Pourtant la signature de la vente était attendue en novembre et le closing dans le courant du premier semestre 2018.

"Volvo Group Governmental Sales se développe positivement et s'est construit un carnet de commandes conséquent. Nous avions annoncé notre volonté de céder cette activité, mais les offres reçues ne reflètent pas sa valeur. Nous avons donc décidé de mettre fin au process de cession", a expliqué le numéro deux de Volvo Group, Jan Gurander, également directeur financier.

Une décision que le numéro deux du groupe est venu lui-même annoncer mardi à Paris au ministère des Armées. Ce qui a complètement surpris Krauss-Maffei Nexter Defense Systems (KNDS) et le groupe belge CMI, les deux acheteurs qui voulaient s'offrir Volvo Group Governmental Sales. Les ventes de cette activité représentent environ 1,5 % du constructeur de camions. Elle compte environ 1.300 personnes, principalement basées en France. Cette activité conçoit et fabrique des véhicules spécifiques aux gouvernements. Les trois marques françaises de cette activité (RTD, Acmat et Panhard) fournissent 90% environ des plateformes blindées actuellement en service dans l'armée de Terre française. Et le poids du programme Scorpion dans le carnet de commandes de RTD pèserait 70% de la valeur de RTD.

Des offres en dessous de 500 millions d'euros.

Dans un premier temps, Volvo Group attendait de cette vente 500 millions d'euros environ. Mais Rothschild, la banque conseil, s'est vantée de pouvoir faire beaucoup mieux et de décrocher un jackpot de 700 millions d'euros. Mais à l'issue des due diligence (ouverture des comptes), KNDS et CMI avaient trouvé "délirant" le business plan imaginé par Volvo et sa banque conseil. "Ce business plan, personne n'y croit", avait expliqué à La Tribune un bon connaisseur du dossier. Ainsi, selon des sources concordantes, CMI aurait proposé une somme comprise entre 400 et 410 millions d'euros alors que KNDS avait finalement déposé une offre très récemment comprise entre 300 et 350 millions d'euros. Trop peu pour Volvo, qui a préféré jeter l'éponge.

Depuis cet été, le groupe suédois avait été très embarrassé par la tournure de cette opération et par l'attitude de KNDS, le favori de la France, qui n'avait pas déposé d'offre jusqu'il y a très peu de temps. L'ancien cabinet du ministre de la Défense avait permis du bout des lèvres à CMI de participer à l'opération mais avait interdit à Rheinmetall et à des fonds d'investissement de se lancer sous peine d'un veto de la France en cas de succès. D'ailleurs, selon nos informations, la France était très remontée contre Volvo Group en raison de cette opération.