Douze nouveaux Rafale à l'Egypte : Bercy ne bloque plus les négociations

Par Michel Cabirol  |   |  570  mots
Douze Rafale supplémentaires bientôt dans le ciel égyptien ?
Selon nos informations, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian est allé porter la nouvelle proposition française au président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

Selon des sources concordantes, Bercy ne bloque plus la poursuite des négociations portant sur un nouveau contrat de douze Rafale à l'Égypte. Le Caire demandait à Paris des facilités de paiement à l'image des précédents contrats signés entre Le Caire et les industriels de l'armement français. "Il n'était pas imaginable pour l'Égypte que la France change les conditions de paiement", explique-t-on à la Tribune.

Lors de la visite du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi de trois jours à Paris en octobre, Emmanuel Macron a expliqué à son hôte qu'il tenait à poursuivre la relation de confiance entre l'Égypte et la France inscrit notamment dans le cadre du partenariat stratégique entre les deux pays relancé en 2015. C'est ce qu'était d'ailleurs venu chercher le président égyptien à Paris. Depuis deux ans, l'Égypte a lancé la modernisation de ses forces armées avec le soutien de la France. Paris s'est engagé à fournir de nouveaux équipements, en particulier à la force aérienne (24 Rafale, un satellite de télécoms militaire) et à la marine (quatre corvettes Gowind, une FREMM, deux BPC). Ce qui a représenté près de sept milliards d'euros (6,83 milliards) de contrats pour l'industrie d'armement française entre 2014 et 2016.

Un contrat en bonne voie

Résultat, l'Élysée a demandé à Bercy de ne plus bloquer les négociations portant la vente de l'avion de combat de Dassault Aviation. Selon nos informations, c'est le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian qui est allé porter la nouvelle proposition française à Sissi à Charm el-Cheikh, où se tenait un forum de la jeunesse. Les deux hommes entretiennent de très bonnes relations empreintes de confiance.

Le déblocage des facilités de paiement par le ministère des Finances n'est pas pour autant synonyme d'un contrat signé demain. Les négociations peuvent donc reprendre dans un climat apaisé. Des sources interrogées par La Tribune estimaient qu'il y avait toutefois de grandes chances de succès pour la signature d'un contrat dans quelques semaines.

L'Égypte producteur de gaz

Le Rafale ne faisait pas figure d'exception. Bercy bloquait tous les contrats sur l'Égypte qu'ils soient militaires ou civils. Pourquoi? C'est un problème d'encours sur ce pays. Avec les contrats importants signés récemment entre les deux pays, l'enveloppe allouée par Bercy à Bpifrance (ex-COFACE) sur ce pays est totalement utilisée, avait-on précisé à La Tribune. Et Bercy ne voulait pas rajouter d'enveloppe estimant que le risque pays pouvait se dégrader. Pour autant, selon une source interrogée par La Tribune, il n'y a pas eu de défaut de paiement de l'Égypte.

Si Emmanuel Macron a dénoué le point de friction entre les deux pays, c'est qu'il avait des garanties. L'Égypte devrait compter sur une croissance de 6% par an dès cette année. Le Caire a de l'argent pour régler les factures. L'Égypte pourra notamment compter à partir de la fin de cette année sur la production de gaz en Méditerranée. En 2015, l'énergéticien italien ENI a découvert pour le compte de l'Égypte un énorme gisement offshore de gaz naturel dans ses eaux territoriales au large de Port Saïd (gisement Zohr). De quoi satisfaire la demande intérieure pendant plusieurs décennies, de renouer avec l'exportation et donc de bénéficier de nouvelles rentrées de devises.