Et François Hollande arbitra une nouvelle fois en faveur de la défense

Par Michel Cabirol  |   |  544  mots
Lors d'un conseil de Défense, François Hollande a accordé au ministère de la Défense un budget de 32,9 milliards d'euros environ pour 2016.
François Hollande a une nouvelle fois arbitré en faveur du ministère de la Défense, qui était en rupture de paiement depuis le 12 octobre.

Entre l'Hôtel de Brienne et Bercy, François Hollande a une nouvelle fois arbitré en faveur du ministère de la Défense, qui était en rupture de paiement depuis le 12 octobre, comme l'avait expliqué fin octobre à l'Assemblée nationale le Délégué général pour l'armement (DGA), Laurent Collet-Billon, selon des sources concordantes. Entre ses deux amis de 30 ans, le président a fait il y a une dizaine de jours le choix de Jean-Yves Le Drian, son très fidèle grognard, en défaveur de Michel Sapin. Mais le chef de l'Etat en avait-il vraiment le choix? Le contexte international (menace terroriste de haut niveau, faiblesse voire absence de l'Etat dans certains pays comme la Libye, retour des stratégies des puissances comme la Russie, cyberattaques...) n'incitait pas non plus à baisser les bras.

Pourtant Bercy a livré cet automne une nouvelle guerre en coulisse pour rogner les crédits du ministère de la Défense. Une guérilla habituelle entre les deux administrations. Cette fois-ci, le différentiel entre les deux ministères était très, très important. Il s'élevait à près de 1,9 milliard d'euros, soit le montant des crédits gelés du programme 146 (1,858 milliards d'euros). Ce qui conduisait le ministère de la Défense à faire des choix drastiques, qui auraient pu conduire jusqu'à des abandons de programmes. Jean-Yves Le Drian est donc allé voir François Hollande pour lui rappeler à la fois ses promesses budgétaires aux militaires et la persistance des tensions internationales.

32,9 milliards d'euros en 2016

Finalement, lors d'un conseil de Défense, François Hollande a accordé à l'Hôtel de Brienne un "budget" de 32,9 milliards d'euros environ pour 2016. Soit près de 1 milliard d'euros de plus par rapport au budget voté en loi de finances (32 milliards d'euros, dont 270 millions de recettes exceptionnelles). Pourquoi ce bonus ? Pour payer le surcoût des opérations extérieures (OPEX) non budgétés par le ministère. Soit environ 800 millions d'euros en 2016 sur 1,2 milliard d'euros estimés par les armées.

Soulagés les militaires, qui demandaient au total 33,5 milliards, s'en contenteront, bien conscients et heureux d'être passés encore près d'une catastrophe budgétaire. Et Bercy respecte l'arbitrage présidentiel. Le ministère de la Défense peut payer ses fournisseurs grâce aux décrets d'avance prévoyant des ouvertures de crédits (programmes Equipement des forces 146 et préparation et emploi des forces 178).

Soulagement de Jean-Yves Le Drian

C'est également un soulagement pour Jean-Yves Le Drian, qui voulait à tout prix contenir le report de charges à 2,8 milliards, dont 1,6/1,7 milliard pour le programme 146. Ce sera encore le cas fin 2016. "Le report de charges est sous contrôle", a assuré le ministre le 10 novembre dernier à l'Assemblée nationale. La loi de programmation militaire (LPM) initiale et ses actualisations successives ont prévu de contenir le report de charges à 2,8 milliards d'euros d'ici à la fin de l'année 2019.

"Au début de la loi de programmation militaire, c'était 3 milliards, a rappelé Jean-Yves Le Drian. Eh bien j'ai tenu, alors qu'auparavant les reports constituaient une bosse que l'on ne cessait de pousser". L'hôtel de Brienne a gagné une nouvelle bataille. Mais quoi qu'il arrive la guérilla de Bercy va se poursuivre.