F-18 : Boeing s'est brûlé les ailes au Canada

Par Michel Cabirol  |   |  523  mots
Le Canada va lancer en 2019 un appel d'offres pour l'acquisition de 88 avions de combat
Ottawa a claqué la porte à Washington. Le Canada n'a pas souhaité acquérir 18 F-18 Super Hornet de Boeing en raison des tensions commerciales entre les deux pays.

Ce qui devait arriver arriva... A force de jouer avec le feu, Boeing s'est brûlé les ailes au Canada. "Nous n'avons pas l'intention de donner suite à l'offre du gouvernement américain pour des Super Hornet", a clairement expliqué la ministre des Services publics, Carla Qualtrough. Un contrat évalué à plus de 5 milliards de dollars. La multiplication des conflits commerciaux avec les États-Unis, sous la baguette de Donald Trump, explique la colère du Canada. Le gouvernement canadien va finalement acheter 18 avions de combat F-18 d'occasion... à l'Australie pour prolonger la durée de vie de sa propre flotte composée par ces appareils.

"Nous avons reçu une offre du gouvernement australien concernant la vente de 18 chasseurs, et nous comptons l'accepter", a-t-elle annoncé.

En outre, le Canada va lancer un appel d'offres formel pour l'acquisition de nouveaux avions de combat. Fin janvier, le gouvernement doit présenter son cahier des charges aux constructeurs éventuels en vue du lancement d'un appel d'offres en 2019 pour l'acquisition de 88 nouveaux avions de combat, a expliqué Carla Qualtrough.

Sur le futur appel d'offres pour l'achat de nouveaux avions à partir de 2022, une clause particulière spécifiera que le groupe choisi ne devra pas causer de "tort économique" au Canada,  averti la ministre responsable des achats du gouvernement. Cet avertissement s'adresse à Boeing, qui avait fortement irrité le gouvernement canadien en obtenant cet été de l'administration américaine l'imposition de taxes de 300% pour tout avion civil CSeries du constructeur canadien Bombardier vendu aux États-Unis.

"s'il y a un préjudice économique au Canada, s'il y a un impact sur les emplois canadiens, s'il y a un impact sur certains secteurs clés de l'économie canadienne, vous serez nettement désavantagé", a précisé Carla Qualtrough.

Cette nouvelle décision contre le Canada est intervenue à la suite de plusieurs offensives américaines : renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (Aléna), imposition de droits antidumping sur le bois canadien par les États-Unis et menace de Donald Trump d'en faire de même sur les produits laitiers.

Le Canada avait été clair avec Boeing

En septembre, Justin Trudeau avait menacé de ne pas acheter 18 Super Hornet à Boeing, comme l'envisageait depuis un an son gouvernement pour temporairement remplacer une partie de ses 77 appareils F18 vieillissants dans l'attente d'un nouvel appel d'offres. "Si Boeing continue d'insister à vouloir éliminer des dizaines de milliers d'emplois au Canada en s'attaquant à Bombardier, il ne devrait pas s'attendre de notre part, comme gouvernement, à ce que nous lui achetions des avions", avait-il mis en garde en septembre.

A son arrivée au pouvoir fin 2015, le Premier ministre Justin Trudeau avait déjà annulé l'achat du F-35 de Lockheed Martin, prévu par le précédent gouvernement conservateur. Au Congrès américain, "les faucons (républicains) sont très contrariés par le Canada", depuis l'annulation de l'achat des F35 par Justin Trudeau, a souligné Richard Shimooka, associé de l'institut de réflexion MacDonald-Laurier. "Mais ce n'est pas vraiment un problème sur le radar de l'administration" américaine car elle sait que "le Canada achètera finalement soit des Super Hornet soit des F35", a-t-il assuré.