"L'Europe n'a plus de temps à perdre sur la défense" (Jorge Domecq, Agence européenne de défense)

Par Michel Cabirol  |   |  476  mots
"Le mot d'ordre doit être la coopération dans le secteur de la défense", a assuré le directeur de l'Agence européenne de la défense (AED)
Les questions de défense seront abordées lors du Conseil européen qui se tiendra les 25 et 26 juin à Bruxelles. En dépit d'une actualité dense, le directeur de l'Agence européenne de défense, Jorge Domecq, recommande dans une interview accordée à La Tribune à l'Europe d'aller vers plus de coopération.

Le sommet européen qui doit être consacré aux questions de défense sera-t-il parasité par les questions d'actualités sur la Grèce, Daech et les problèmes migratoires en mer Méditerranée ?
Il est important que l'Europe doive se rendre compte qu'elle n'a plus de temps à perdre sur les questions de défense. Chaque année qui passe, se pose effectivement la question du poids de l'industrie de la défense européenne, comme partenaire sur la scène internationale. Pourquoi ? Pour être un contributeur à un monde plus stable et un monde en paix, l'Europe doit avoir des capacités opérationnelles. Et pour détenir de telles capacités, l'Europe doit avoir une industrie qui produise toutes les capacités opérationnelles et surtout qui les produise de façon autonome, et non comme une franchise. Si l'Europe perd des capacités industrielles et technologiques dans les cinq à dix ans à venir, le poids de l'Europe comme partenaire intéressant pour d'autres pays, y compris nos alliés, va faiblir. L'Europe deviendra alors un contributeur secondaire. Nous avons donc besoin d'avancer dans les domaines capacitaires et d'avancer dans une plus grande intégration de l'industrie pour qu'elle soit plus compétitive et qu'elle dispose d'un poids technologique à la hauteur des futurs besoins de la défense européenne.

Êtes-vous confiant sur les conclusions du sommet ?
On verra. Mais j'espère que le sommet servira à maintenir l'attention sur les questions de défense. Il serait également bien d'obtenir une réaffirmation des chefs d'Etat et de gouvernement de vouloir aller de l'avant sur ces questions. Déjà 16 pays de l'OTAN, dont douze pays de l'Union européenne, ont décidé d'augmenter leurs dépenses de défense C'est très important que des pays arrêtent de couper leurs dépenses de défense.

L'Europe ne devrait-elle pas avoir une défense commune, les menaces étant en grande partie communes à tous les pays européens ?
Absolument. Les menaces actuelles au sud et à l'est de l'Europe impliquent une mise en commun des moyens européens. Mais pas seulement. Avec la crise économique actuelle, le mot d'ordre doit être la coopération dans le secteur de la défense. C'est un must. Nous ne pouvons plus considérer en tant qu'Européens que nous avons le choix même si nous retardons les décisions. Il faut absolument avancer dans la coopération entre Européens. Mais peut-être pas à 28 sur tous les dossiers. Les pays européens doivent dépenser plus efficacement qu'aujourd'hui leurs ressources dédiées à la défense. Par exemple, l'Europe ne peut pas dépenser la moitié de l'argent que les États-Unis mettent chaque année dans la défense et n'obtenir que 15% de leur résultats.

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