La France proche de se doter d'une nouvelle stratégie spatiale de défense

Par Michel Cabirol  |   |  618  mots
Le ministère des Armées va remettre à Emmanuel Macron dans "les prochains jours" un rapport sur la future stratégie spatiale de défense.

Le ministère des Armées est tout proche de remettre son rapport sur la politique spatiale de défense au président de la République, qui avait demandé le 13 juillet dernier de définir cette ambition pour les armées. Le conseiller industrie au cabinet de Florence Parly, Hervé Grandjean a précisé au cours d'une conférence de presse, que le ministère était « à quelques jours de la remise de ce rapport sur la stratégie spatiale de défense ». Cette stratégie est censée « dessiner une ambition pour nos forces armées à l'horizon 2040 avec des jalons très clairs, et très cadrés de cette montée en puissance qui est proposée au président de la République ».

« En réponse aux menaces identifiées, il y a des options capacitaires en matière d'investissements présentés par la ministre au président », a-t-il précisé. Ce sera à Emmanuel Macron de communiquer sur les options retenues.

La France restera-t-elle défensive ou bien deviendra-t-elle une nation offensive dans l'espace à l'image de ce qu'elle a déjà fait dans la cyber ? Interrogé par La Tribune sur un éventuel changement de doctrine, Hervé Grandjean a botté en touche, soulignant que ce thème était du ressort d'Emmanuel Macron. Il a toutefois laissé entendre que « la militarisation (de l'espace, ndlr) n'est pas forcément contradictoire avec les principes édictés par le Traité sur l'espace. (...) Le principe de légitime défense continue à s'appliquer ». Ce qui pourrait laisser entendre une évolution de la doctrine de la France en la matière. Cela reste encore à confirmer.

Méthode d'écoute et de concertation

Pour répondre à la demande du président dans les temps, le ministère des Armées a constitué dès le mois de juillet un groupe de travail, qui a privilégié « une méthode d'écoute, de concertation et de remontée du terrain », selon Hervé Grandjean. Dans ce cadre, ce groupe de travail a procédé à « une cinquantaine d'entretiens de militaires, d'experts, de scientifiques et de diplomates, en lien étroit avec le CNES et l'ONERA ».

Ce travail a permis de creuser des aspects complémentaires à ce que fait la France dans le domaine du spatial militaire. Il est déjà prévu que les armées investissent 3,6 milliards d'euros tout au long de la future loi de programmation militaire de 2019-2025. Ce qui permettra de renouveler pratiquement l'ensemble de la composante spatiale française sur la période. Le 18 décembre, le lanceur russe Soyuz mettra en orbite le satellite d'observation optique CSO-1, le premier d'une constellation de trois.

Le travail du ministère a notamment permis de creuser les menaces et d'identifier les capacités pour y répondre aussi bien sur les segments sol et spatial mais aussi sur les liaisons de données entre le sol et l'espace, et dans la partie logicielle. Ces segments peuvent faire l'objet de menaces plus ou moins graves, qui va de l'espionnage et au déni de services jusqu'à la neutralisation du satellite. Ainsi, le ministère a mis des priorités sur les menaces, à la fois les plus graves et les plus probables. « C'est sur ces menaces-là que le ministère portera un effort particulier », a expliqué Hervé Grandjean.

En revanche, le groupe de travail n'a pas souhaité se "focaliser" sur l'aspect budgétaire, qui n'est qu'un élément de la réponse aux menaces.

« Nous avons souhaité réaliser une réflexion sans contrainte budgétaire pour ne pas la stériliser, a souligné Hervé Grandjean. On s'est donc posé des questions sur des options indépendamment de la question financière. On assume cette approche ».