Les Egyptiens sont à Paris pour négocier l'achat des deux Mistral

Par Michel Cabirol  |   |  546  mots
Une délégation égyptienne de haut niveau est à Paris actuellement pour négocier l'achat des deux Bâtiments de projection et de commandement (BPC), de type Mistral, initialement destinés à la marine russe
Une délégation égyptienne de haut niveau est à Paris actuellement pour négocier l'achat des deux BPC, de type Mistral, et de deux corvettes Gowind. Mais Bercy complique les négociations sur le Mistral.

Selon plusieurs sources concordantes, une délégation égyptienne de haut niveau est actuellement à Paris pour négocier l'achat des deux Bâtiments de projection et de commandement (BPC), de type Mistral, initialement destinés à la marine russe. Elle a reçu des mains du président Abdel Fattah al-Sissi le mandat de négocier un contrat avec DCNS, chargé par Bercy de vendre les deux Mistral. La délégation égyptienne négocie aussi l'acquisition des deux corvettes Gowind supplémentaires, qui sont en option dans le contrat qui avait été signé en mai 2014 et qui portait sur la vente de quatre Gowind de 2.400 tonnes.

Bercy fixe un prix trop élevé pour les Mistral

Mais il y a un hic. Et un gros. Les négociations bloqueraient sur le prix des deux Mistral que les Égyptiens trouveraient trop élevés. A priori normal dans ce genre de négociations... sauf que c'est Bercy, qui a fixé le prix des deux navires de guerre alors qu'il n'est vraiment pas un expert en négociations commerciales. Ce qui complique singulièrement la tâche des équipes de négociations de DCNS, qui sont sur le fil du rasoir et n'ont aucune marge de manœuvre. En fin de semaine dernière, les Égyptiens ont déjà failli claquer la porte des négociations, DCNS n'ayant pas les réponses à leur donner. Finalement, ils ont été rattrapés in extremis... Mais jusqu'à quand ?

Dans un monde idéal, les discussions pourraient se prolonger jusqu'à fin octobre avec des allers-retours entre Paris et Le Caire pour valider les avancées des négociations, voire dénouer les blocages. En tout cas, l'Égypte semble très motivée pour acquérir des bâtiments de débarquement même si elle n'a jamais aligné de navires de guerre d'une telle ampleur dans sa marine. Il y a une dizaine de jours environ, la délégation égyptienne était à Saint-Nazaire. Ces navires seraient positionnés, pour l'un en Mer rouge, et l'autre en mer Méditerranée pour une éventuelle intervention en Libye et au Yémen.

L'Égypte, un client en or pour la France

Pour Paris, un éventuel contrat avec l'Égypte serait une excellente nouvelle à plus d'un titre. La facture finale de la non livraison des Mistral à la Russie pour le budget français dépendra des coûts de gardiennage, du coût de démontage de l'ordre de 2,5 millions d'euros, du coût d'adaptation au standard du client et de la décote éventuelle lors de la revente. Plus la vente s'effectue rapidement à l'Egypte, moins la facture gonfle. Car selon le secrétaire général de la Défense et de la Sécurité nationale (SGDSN), Louis Gautier, qui s'exprimait récemment lors d'une audition à l'Assemblée nationale, "Il y aurait une certaine facilité à revendre les BPC aux Égyptiens ou aux Indiens compte tenu du standard de leur flotte et de leurs habitudes de coopération avec la Russie".

Depuis 2014, l'Égypte du président al-Sissi a acheté à la France quatre corvettes Gowind (1 milliard d'euros) et une frégate multi-missions FREMM (900 millions d'euros) à DCNS et surtout 24 Rafale (3 milliards environ) à Dassault Aviation ainsi que l'armement à MBDA de la FREMM et des avions de combat (1,1 milliard).